Ils font régulièrement les gros titres des journaux : Zika, Ebola, VIH, H1N1… Ces virus sont responsables de plusieurs centaines de milliers de morts chaque année. Dans l’optique de les éradiquer un jour, les virologues étudient leur structure, leur évolution, leur mode de transmission. Grâce à leurs recherches, des campagnes de préventions et des traitements médicamenteux peuvent voir le jour. La prévention et l’éducation tiennent une place importante dans l’activité du virologue qui donne des conférences ou enseigne à l’université.
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Le Dr Wainberg est reconnu internationalement pour ses travaux sur le virus du Sida. Ses recherches lui ont valu un grand nombre de distinctions, dont le prix du Québec en 2010. Aujourd’hui, il est directeur de la recherche sur le SIDA à l’Institut Lady Davis (ILD) de recherches médicales, directeur du Centre SIDA McGill situé à l’ILD et professeur en médecine et en microbiologie et immunologie à l’Université McGill, à Montréal.
Pourquoi cette fascination pour les virus et notamment le VIH ?
J’ai décidé, très jeune, que je voulais faire de la recherche biomédicale, et je n’ai plus changé d’avis. Au début de ma carrière, je travaillais sur le virus de l’influenza puis sur certains virus responsables de cancers. Alors que le Sida commençait à faire ses premières victimes, je me suis intéressée au VIH, que j’étudie encore aujourd’hui.
À quoi ressemble un laboratoire de virologie ?
Les équipements sont similaires à n’importe quel autre laboratoire de biologie moléculaire : centrifugeuses, incubateurs, séquenceurs… À la différence que, pour étudier un virus comme le VIH, cela nécessite un laboratoire de confinement. Nous travaillons dans une chambre spéciale, comportant des systèmes de ventilation et de filtration pour que l’air contenant le virus ne puisse pas contaminer les autres chambres et l’environnement extérieur.
Ton métier présente-t-il des risques pour la santé ?
Nous prenons toutes les précautions nécessaires pour ne pas être exposées au virus. Les techniciens sont très bien formés et ont beaucoup d’expériences derrière eux.
Quels sont les meilleurs souvenirs de ta carrière ?
J’ai participé à la découverte du 3TC, un médicament utilisé encore aujourd’hui contre le VIH. C’est probablement l’une des découvertes médicamenteuses les plus importantes au Québec !
Un projet dont tu es particulièrement fier ?
Un grand moment pour moi a été de présider l’Association Mondiale contre le sida de 1998 à 2000. À cette époque, des médicaments anti-VIH étaient disponibles, mais seulement pour les patients des pays riches. Ailleurs dans le monde, des milliers de personnes n’y avaient pas accès. J’ai alors décidé d’organiser la conférence mondiale contre le sida de l’an 2000 en Afrique du Sud, pays qui représente l’épicentre de l’épidémie. Et ça a fonctionné ! Des milliers de journalistes se sont déplacés et ont dénoncé le problème d’accès aux traitements. Aujourd’hui, les patients en Afrique peuvent enfin se soigner correctement.
Quels sont tes prochains objectifs ?
Nous mettons tous nos efforts pour réussir à guérir les malades du sida. Avec mon équipe, je travaille aussi sur d’autres virus comme le virus Zika responsable de centaines de milliers d’infections au Brésil, aux Caraïbes et dans d’autres régions du monde.
Quels conseils donnerais-tu à un jeune qui veut faire une brillante carrière en virologie ?
Il faut étudier fort et réussir à convaincre les comités de recherche que vous méritez de poursuivre dans cette voie.
Les jeunes sont-ils suffisamment conscients des risques associés au VIH ?
Je crois que beaucoup de personnes ne font pas attention au VIH. Le message est le même aujourd’hui qu’il y a trente ans : il faut être prudent et se protéger lors d’une relation sexuelle ! Les maladies sexuellement transmissibles en général représentent une menace.
Penses-tu qu’un jour nous viendrons à bout de ce virus ?
Je suis optimiste, je pense que l’éradication du VIH sera possible un jour. Aujourd’hui, les stratégies en préventions sont excellentes. Grâce aux médicaments, les malades n’infectent plus leur partenaire sexuel. Si toutes les personnes atteintes du VIH sont traitées, le nombre d’infections va diminuer et progressivement, le virus aussi.
Sarrau, gants, lunettes, laboratoire de confinement ne font plus partie intégrante du quotidien du Dr Wainberg. C’est de l’histoire ancienne. Maintenant, il porte plutôt la casquette de superviseur dans le laboratoire dont il est directeur. Ses journées ne sont pas pour autant moins remplies. Après avoir sélectionné les chanceux qui pourront intégrer son équipe, le virologue part à la chasse aux subventions pour financer les projets de ses étudiants. Il dirige alors leur programme de recherche et les épaule pour rédiger et publier leurs articles dans des revues scientifiques de renommées internationales.
Le chercheur et ses étudiants ne travaillent pas en vases clos. Ils collaborent en permanence avec d’autres chercheurs de Montréal, de Québec, du Canada, mais aussi à l’échelle internationale. Les compagnies pharmaceutiques sont aussi de précieux partenaires pour leurs études.
Pour devenir un éminent virologue comme Mark Wainberg, il faut aimer voyager. Quatre à cinq fois par année, il est invité à des conférences pour parler de ses découvertes. La dernière ? Il y a trois mois à Boston aux États-Unis. La prochaine ? Au mois de mai à Marseille en France !
Malgré tous ces voyages et ses nombreuses reconnaissances pour sa contribution à la survie de millions de personnes à l’échelle mondiale (membre de la Société royale du Canada, officier de l’Ordre du Canada, officier de l’Ordre national du Québec, membre honoraire du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada et chevalier de la Légion d’honneur de France) le virologue a su garder les pieds sur Terre. Il le faut, lorsque l’on se bat contre un adversaire aussi coriace.
Le Dr Wainberg est titulaire d’un baccalauréat en sciences de l’Université de McGill. Il a ensuite réalisé un doctorat à l’Université de Columbia à New York. Dès le début de sa carrière de chercheur, il s’est consacré à la recherche biomédicale, d’abord dans le domaine du cancer et ensuite dans le domaine du VIH.
Au cégep :
– DEC en sciences de la nature (2 ans) ou DEC technique (3 ans)
À l’université :
– Baccalauréat en physiologie, biochimie, biologie ou microbiologie (3 ou 4 ans)
– Maîtrise en physiologie, biochimie, biologie ou microbiologie (2 ans). Pendant ces deux années, l’étudiant est initié à la recherche et rédige un mémoire.
– Doctorat en virologie (3 à 4 ans)
– Stage postdoctoral à l’étranger en virologie (1 à 2 ans)
Et après ?
Le virologue travaille dans différentes structures : centres de recherche, laboratoires, universités en tant qu’enseignant-chercheur, entreprises privées…