Passionné de plein air, le technicien en hydrologie sillonne les cours d’eau pour mesurer le débit d’eau, surveiller le niveau des rivières, installer et réparer des équipements. À bord d’un camion, d’un bateau et parfois même d’un hélicoptère il peut parcourir de nombreux kilomètres en une seule journée.
Penché sur son ordinateur, il s’adonne à sa deuxième passion : le traitement des données. Les résultats serviront à la navigation commerciale et de plaisance, aux scientifiques intéressés par la faune ou le climat et aux particuliers inquiets du niveau de la rivière près de chez eux.
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Guy Morin travaille à Environnement Canada depuis 1988 au sein de la Division des relevés hydrologiques. Sa principale mission est de mesurer le débit des cours d’eau de la région de Montréal. Technicien pendant 20 ans, il occupe à présent un poste de superviseur.
Qu’est-ce qui t’a attiré vers l’hydrologie ?
J’aime le plein air : j’ai toujours fait de la pêche et du canot, j’aime passer du temps au bord de l’eau. L’hydrologie m’a intéressé très tôt et le Québec est plutôt bien pourvu en ressource hydrique. J’ai découvert cet emploi lors d’un stage d’été. À l’époque, les étudiants étaient engagés au niveau collégial pour assister les techniciens dans leur travail.
Quelles sont les qualités requises dans ton métier ?
Le souci du détail, le sens de l’observation et un bon esprit d’analyse. Il arrive parfois que l’on ait des instruments défectueux. Il faut être capable d’analyser les différentes situations, déterminer le problème et trouver une solution.
Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ton travail ?
C’est l’équilibre entre le travail de terrain et de bureau. Lorsque l’on part prendre des mesures en bateau sur un plan d’eau comme le lac Saint-Louis par une belle journée d’été, c’est plaisant ! Ça fait parfois des envieux, nous avons un beau bateau ! Au retour, je suis pressé d’analyser mes données, c’est très complémentaire.
As-tu une histoire cocasse à nous raconter ?
J’ai eu en effet quelques petites aventures ! Une fois par exemple, accompagné d’un collègue, j’ai installé deux sondes, pour mesurer la vitesse de l’eau, reliées par un câble de métal de 200 mètres au fond d’un chenal du lac Saint-Louis. Lorsque nous sommes revenus faire une maintenance, un monsieur nous a informés qu’en pêchant il avait eu l’impression d’avoir attrapé un gros poisson et qu’il avait perdu sa canne à pêche. Plus tard dans la journée j’ai retrouvé accroché du fil de pêche au câble de métal : à un bout du fil il y avait une canne à pêche et à l’autre bout un poisson ! Le propriétaire était bien heureux qu’on lui rende son matériel !
Quels types de relevés effectues-tu sur le terrain ?
Je fais principalement des mesures de débit d’eau avec un courantomètre acoustique. J’utilise aussi des GPS pour positionner les mesures que j’effectue. J’inspecte les stations et fais de l’arpentage ainsi que de la cartographie du fond des rivières par exemple.
En quoi ton travail est-il important ?
Nos résultats peuvent avoir des applications pour les travaux de génie civil. C’est important de savoir jusqu’où l’eau peut monter pour construire une route près de l’eau, ou jusqu’où elle peut descendre pour installer une prise d’eau ! Les biologistes et écologistes utilisent nos données pour étudier les habitats des poissons. Évidemment, notre travail sert aussi à la gestion de l’eau. L’eau de Montréal provient principalement des Grands Lacs et de l’Outaouais, il y a beaucoup de barrages à surveiller. Parfois, de l’eau est gardée en réserve dans les barrages pendant 2 à 3 semaines pour éviter l’inondation des municipalités riveraines du St-Laurent!
Es-tu amené à voyager loin de chez toi ?
Au début de ma carrière, il m’arrivait d’aller dans le Nord-du-Québec de façon ponctuelle. Je me déplaçais en avion et en hélicoptère. Je suis aussi allé plusieurs fois en Gaspésie, mais maintenant je ne me déplace rarement à plus d’une heure de Montréal. Les techniciens en hydrologie qui travaillent en province font davantage de missions en région éloignée.
Rencontres-tu des difficultés sur le terrain ?
Oui surtout l’hiver. Par exemple, hier, j’ai navigué sur la rivière des prairies pendant 2 heures en zodiac : il faisait froid et il y avait beaucoup de vent. Le travail est plus périlleux. Quelques fois, je dois faire des trous dans la glace et déployer mes instruments sous le couvert de glace.
Le travail du technicien est partagé entre le terrain et le bureau. En été, il travaille trois jours en plein air, et deux jours au bureau, en hiver, c’est l’inverse.
À 9 heures, Guy arrive à son bureau situé au centre-ville de Montréal. Il commence sa journée par consulter les données hydrologiques diffusées en temps réel sur le web depuis la vingtaine de stations de la région. Ce matin, il s’aperçoit qu’il y a un problème sur la station située sur le lac Memphrémagog à Magog.
Accompagné d’une collègue, Guy monte à bord d’un véhicule. Une fois arrivé, il valide manuellement les valeurs des deux capteurs de niveau d’eau de la station. Malheureusement, il ne trouve pas les mêmes résultats. Après avoir identifié le capteur défectueux, le technicien le remplace. Il prend également des notes de son intervention, qui lui serviront dans quelques mois pour la publication finale des données.
Après avoir mangé, l’équipe revient au bureau. Le spécialiste va alors travailler à la publication des données grâce à un logiciel spécialisé. Son travail consiste aussi à répondre aux questions des ministères et des plaisanciers et des riverains qui s’inquiètent de la montée des eaux.
Chaque année, le technicien participe à des projets spéciaux. Il part alors plusieurs jours pour réaliser des cartes des plantes et du substrat aquatique par exemple.
Vers 17 heures, Guy peut rentrer chez lui avec la certitude que Montréal ne sera pas enseveli par les eaux quand il reviendra au travail le lendemain matin !
Guy a réalisé un D.E.C en assainissement de l’eau au Cégep de Saint-Laurent à Montréal. Avant d’intégrer Environnement Canada, il a travaillé comme technicien en assainissement de l’eau dans une usine de filtration de l’eau et dans des usines de traitement de l’eau usée.
Au collégial :
– D.E .C en assainissement de l’eau au Cégep de Saint-Laurent à Montréal (offre une session en hydrologie). Ou tout autre programme incluant une composante en hydrologie.
Si tu le souhaites tu peux poursuivre avec un baccalauréat en hydrologie ou en hydrologie et aménagement du bassin versant ou en hydrologie de l’environnement (Université Laval) ou d’autres baccalauréats incluant un cours d’hydrologie (Université de Montréal, Université de Sherbrooke …).
Il n’existe pas d’école spécifique pour former des techniciens en hydrologie. La formation a lieu à l’intérieur du ministère. Certains des collègues de Guy sont titulaires d’un baccalauréat en environnement ou en géographie environnementale. Parfois, certains ont une maitrise en hydrologie.
Et après ?
Au Québec, tu peux travailler au gouvernement du Canada comme Guy ou au gouvernement du Québec (Centre d’Expertise Hydrique du Québec). Des entreprises comme Hydro-Québec embauchent également des techniciens en hydrologie.