Technicien en assainissement des eaux

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D’où provient l’eau qui coule du robinet ? Qui s’assure de sa qualité ? Où s’en va l’eau (et le reste…) quand on tire la chasse d’eau, qu’on vide notre bain ou qu’on fait le lavage ? Qui s’occupe de rendre ces rejets le moins dommageables possible pour l’environnement ?

Après avoir été puisée dans la nature et avant d’y être rejetée, l’eau doit être purifiée. Les professionnels du traitement de l’eau peuvent travailler dans deux domaines : à purifier l’eau avant qu’on la boive (c’est la production d’eau potable) ou à purifier l’eau des égouts avant qu’on la rejette dans la rivière (c’est l’épuration des eaux usées).

Dans les deux cas, ils sont à la fois détectives, mécaniciens et chimistes !

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Daniel Simoneau, technicien en assainissement des eaux

Daniel Simoneau est technicien à la station d’épuration des eaux usées de Cowansville, en Estrie, depuis 16 ans. Il travaille pour la compagnie Proserco, une entreprise privée qui gère les installations de traitement de l’eau pour la ville. Il s’occupe aussi des eaux usées de Sutton, Waterloo et Dunham.

Qu’est-ce qui t’a attiré vers l’assainissement des eaux ?
D’abord et avant tout, la volonté de protéger l’environnement. Comme j’aime aller à la pêche, c’est la pollution de l’eau qui me préoccupait le plus, alors j’ai choisi d’étudier dans ce domaine-là.

Comment fonctionne ton usine ?
Les eaux usées subissent un traitement biologique, c’est-à-dire qu’elles sont purifiées par des bactéries, sans aucun produit chimique. L’eau des égouts passe d’abord dans un bassin qui ressemble à une gigantesque piscine creusée. Et là, on la brasse ! Le but est d’ajouter de l’oxygène pour stimuler l’action des bactéries.

Une fois que les bactéries ont digéré la matière organique, l’eau passe dans un autre bassin, très calme celui-là. Cela permet aux matières solides de couler au fond, alors que l’eau claire continue son chemin vers la rivière. On calcule qu’une goutte d’eau séjourne neuf heures dans l’usine.

Est-ce que l’eau qui sort de l’usine est assez propre pour qu’on la boive ?
Non. Mais on réussit à retirer environ 80 % des polluants seulement en utilisant des bactéries.

Quelles sont les qualités requises dans ton métier ?
En usine d’épuration des eaux, il y a beaucoup d’entretien mécanique à faire, alors il faut aimer le travail manuel et être débrouillard. Par contre, dans les usines de production d’eau potable, les gens ont l’esprit vif parce que la qualité de l’eau puisée dans la rivière peut changer rapidement selon la météo. Ils doivent donc faire des analyses de laboratoire beaucoup plus souvent et ajuster les traitements en conséquence.

Dans les deux cas, il est essentiel de pouvoir tolérer les odeurs désagréables. Les eaux usées, ça sent un peu le fumier. Mais une usine de filtration, ça sent fort le chlore !

Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ton travail ?
Ma récompense, c’est de voir les tortues de la rivière Yamaska qui viennent pondre leurs œufs sur le terrain de notre usine. Quand tout mon équipement fonctionne bien et que l’eau est vraiment purifiée en sortant d’ici, j’ai l’impression de rendre service à l’environnement. En évitant de polluer la rivière avec nos eaux usées, on protège les animaux qui y vivent.

Et ce qui te déplaît ?
Je suis responsable de mon usine 24 heures sur 24. S’il y a un bris à trois heures du matin, je dois venir le réparer ! Et comme je travaille dans des petits villages, nous ne sommes que deux à nous occuper de l’usine. Nous travaillons même la fin de semaine.

As-tu une histoire cocasse à nous raconter ?
J’ai déjà eu à démonter une pompe qui était à l’arrêt depuis plusieurs mois. J’ai commencé à dévisser les boulons. Dès qu’ils ont été ouverts d’un millimètre, il y a eu comme un coup de canon et j’ai reçu une douche de boue très malodorante des pieds à la tête. J’ai dû me dévêtir sur place afin que mon collègue m’arrose à l’aide d’un boyau d’arrosage. Je connais maintenant le danger des gaz de fermentation qui restent emprisonnés plusieurs mois…

Une journée dans la vie de Daniel

En arrivant à l’usine, M. Simoneau fait d’abord une inspection visuelle des tuyaux, pompes et bassins pour s’assurer que tout fonctionne bien. Si quelque chose est brisé, il faut le réparer !

C’est ensuite le moment de se débarrasser des boues d’épuration qui s’accumulent au fond des bassins. Ces boues sont un mélange de toutes les matières solides qui circulent dans les égouts, mais qui ne peuvent pas être rejetées dans la rivière. Une pompe les achemine vers la presse à boues, une machine qui les écrase pour en évacuer l’eau. On les envoie ensuite dans un dépotoir. « C’est ce qui coûte le moins cher dans la région, mais on pourrait aussi les transformer en compost », précise M. Simoneau.

Ensuite, c’est l’heure des analyses en laboratoire. Daniel mesure la qualité de l’eau qui entre dans l’usine et la qualité de l’eau qui en sort, pour s’assurer que le procédé d’épuration fonctionne bien. Chaque mois, il compile ces données dans un rapport qu’il envoie à la municipalité et au ministère de l’Environnement.

M. Simoneau parcourt aussi plusieurs dizaines de kilomètres par jour pour aller inspecter les autres installations dont il est responsable (à Sutton, Dunham et Waterloo).

Sur les bancs d’école…
Daniel Simoneau a obtenu un DEC en technique d’assainissement de l’eau au Cégep de Ste-Foy (ce programme n’est plus offert là-bas).

Pour travailler en traitement de l’eau, il y a deux chemins possibles, qui mènent au même métier.

En formation professionnelle :
D.E.P. en conduite de procédés en traitement de l’eau

Cette formation est donnée au Centre de formation professionnelle Paul-Gérin-Lajoie, à Vaudreuil-Dorion (deux ans – formation accessible après un secondaire 4). La première année est consacrée à l’eau potable, la seconde aux eaux usées. Chaque année est suivie d’un stage de deux semaines.

ou

Au Cégep :
DEC en technique d’assainissement de l’eau (trois ans)

Offert uniquement au Cégep de Saint-Laurent. Ce programme est offert en alternance travail-études, ce qui permet aux étudiants de faire des stages rémunérés durant l’été.

Et après ?
Les diplômés travaillent majoritairement dans les usines de filtration ou d’épuration municipales. Ils sont employés soit par la ville, soit par une compagnie privée qui exploite l’usine pour le compte de la ville (c’est le cas de Daniel Simoneau, qui est employé chez Proserco).

Ils peuvent aussi travailler dans le traitement des eaux industrielles (les entreprises polluantes ne peuvent rejeter leurs eaux usées dans les égouts ou la rivière et doivent donc avoir leur propre « mini-usine » de traitement des eaux).

Enfin, un petit nombre de diplômés travaillent dans la vente d’équipement spécialisé ou deviennent inspecteurs de la qualité de l’eau des rivières, des lacs et des plages.

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