Imagine un film, un spectacle de danse ou une pièce de théâtre sans musique ou bruitages. Ça serait bien ennuyeux ! Heureusement, il existe des professionnels dont le métier est de créer des bandes originales, sonoriser des salles, assure la qualité d’un album de musique… ce sont les techniciens du son. Qu’ils travaillent en studio ou qu’ils effectuent la sonorisation d’évènements, il possède de solides connaissances en technologie du son, en mathématiques et en informatique. Ils font également preuve d’une créativité remarquable pour nous en mettre plein la vue et surtout… les oreilles !
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Son diplôme en sonorisation et enregistrement tout juste en poche, Nancy est partie trois ans en tournée comme chef sonore pour le spectacle « Cirkopolis » du Cirque Éloize. Depuis son retour en mai dernier, la spécialiste du son travaille pour divers clients comme le Théâtre aux Écuries, l’Espace libre, le Conservatoire de musique de Montréal, la Place des Arts…
Pourquoi avoir choisi cette profession ?
À 10 ans, mes parents m’ont initié à la guitare classique. Pendant les concerts, c’était vraiment l’aspect technique qui me passionnait, les professionnels qui travaillaient dans l’ombre ! Au secondaire, j’ai choisi les options « musique » puis « théâtre ». Une fois par semaine, on bénéficiait d’une salle pour tester l’éclairage, faire de la conception sonore. J’adorais ça !
Qu’aimes-tu le plus dans ton métier ?
La diversité. Je bouge de salle en salle, de spectacle en spectacle. Le travail en équipe est aussi très motivant, surtout en tournée ! À la fin d’un spectacle lorsque je vois les spectateurs émerveillés et qu’ils viennent me féliciter, c’est tellement gratifiant.
Ce que tu apprécies le moins ?
Le stress. Je travaille avec les technologies, je ne suis jamais à l’abri d’une panne. Il y a aussi les imprévus de dernières minutes comme un artiste qui se blesse sur scène. Il faut rester concentré et surtout garder le sourire. Mes journées peuvent être longues, 16 à 20 heures parfois.
Quelles sont les qualités nécessaires pour exercer ton métier ?
Être bon communicateur, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide si l’on en a besoin. Gérer le stress, savoir résoudre des problèmes, aimer apprendre de nouvelles choses, car le matériel technologique évolue beaucoup. Et surtout, il faut être passionné !
Ton statut de travailleur autonome te convient-il ?
Pour le moment, j’ai beaucoup de beaux contrats. À plus long terme, quand j’aurais une vie de famille, j’aimerais avoir un poste plus stable qui offre des horaires plus réguliers, des avantages sociaux, des assurances… mais les places sont peu nombreuses.
Ton métier t’a-t-il permis de rencontrer des célébrités ?
Oui souvent. Il y a deux semaines, à la première du film « La guerre des Tuques », je donnais les micros aux artistes de la bande sonore. J’ai rencontré Louis-Jean Cormier, Marie-Pierre Arthur, Fred Pellerin, Marie-Mai… Il faut savoir rester professionnel, nous sommes tous là pour travailler.
Une anecdote à nous raconter ?
Il y a toujours une part de surprise dans les spectacles. Une fois, un couple d’artistes ont fait une brève apparition sur scène avec leur bébé, le public ne s’en est même pas rendu compte ! Il arrive aussi que les comédiens prononcent des phrases en patois québécois. C’est drôle, à l’étranger personne ne comprend !
Y a-t-il beaucoup de filles dans ce milieu ?
En trois ans de tournée, j’ai rencontré deux femmes « chefs son » ! Nous sommes vraiment peu nombreuses. Au Québec, nous sommes vraiment bien intégrées dans les équipes, mais ce n’est pas le cas partout. En Israël par exemple, je n’ai pas pu m’adresser directement au « chef son », car j’étais une femme… En France, les hommes sous-estimés parfois mon travail au premier abord.
Le projet dont tu es le plus fière ?
La tournée avec le Cirque Eloize. Je suis partie à 21 ans, c’était une chance unique pour un début de carrière. J’ai mixé dans les plus belles salles de spectacle comme la Sydney Opera House en Australie. J’ai tellement appris des professionnels que j’ai rencontrés.
Quel est ton rêve professionnel ?
J’aimerais beaucoup mixer à la Maison symphonique de Montréal. Mon rêve le plus fou : être technicienne de son pendant la tournée de RadioHead !
24 pays, 315 spectacles en trois ans. Autant dire que pour Nancy les journées ne se ressemblent pas ! Dans quelques heures, la chef sonorisatrice posera les pieds pour la première fois en Australie.
À l’arrivée, l’équipe, composée d’une vingtaine de personnes, bénéficie d’une journée de repos bien mérité pour récupérer du décalage horaire. Nancy est impatiente de découvrir la nouvelle salle de spectacle, le Sydney Opera House. Le lendemain à 9 heures, elle décharge le matériel de sonorisation et passe la journée à installer les micros, les enceintes, sa console de mixage. Elle assiste aussi à une réunion en compagnie de la Directrice de tournée, du Directeur technique et des chefs éclairagiste, machiniste, rig (appareils accrobatiques) et de la régie. Elle rencontre également le chef sonorisateur de la salle et lui fait part de ses besoins matériels. À 20 heures, la jeune femme regagne sa chambre d’hôtel en compagnie de ses collègues.
La journée suivante est consacrée aux répétitions avec les acrobates. C’est à ce moment-là que Nancy pourra s’assurer que tout est opérationnel. Dans 30 minutes le spectacle commence. Les rideaux sont tirés et l’équipe se réunit. Assis en cercle, ils s’adonnent à leur petit rituel pour se concentrer. Ils se lancent des bâtons et chantent une chanson. Il est l’heure pour Nancy de rejoindre sa console de mixage qu’elle quittera qu’une heure trente plus tard.
La réaction du public est très différente selon les villes et les cultures. À Darwin par exemple, où l’accès à la culture est plus limité, les spectateurs sont vraiment émerveillés ! Dans les grandes villes culturelles, l’audience est plus difficile à impressionner. Après 8 représentations, la spécialiste démonte et range son matériel pour partir vers une nouvelle destination. Nancy a la possibilité de rentrer deux semaines à Montréal tous les deux mois, ou d’en profiter pour voyager. Elle a notamment eu l’occasion de découvrir Tokyo, un voyage dont elle se souviendra toute sa vie.
Nancy a d’abord réalisé un DEC en Gestion & techniques de scène au Collège Lionel-Groulx. Pendant ces quatre années, elle a découvert tous les aspects techniques : la conception et la réalisation d’éclairages, l’assistance à la mise en scène, la régie, la direction de production, la direction technique et la conception d’environnements sonores. Après cette vue d’ensemble, Nancy a choisi de se spécialiser dans la sonorisation. Elle a donc suivi un A.E.C d’une durée d’un an en sonorisation et enregistrement au Cégep de Drummondville.
Cette double formation lui apporte l’avantage de comprendre le métier de chacun et ainsi d’être plus polyvalente et pluridisciplinaire. Un gros atout sur le marché du travail d’après la technicienne.
Il n’existe pas un parcours professionnel « type » pour parvenir à cette profession. Plusieurs cégeps et universités proposent des formations adaptées. Le technicien de son a ensuite le choix de se spécialiser dans un domaine particulier : radio, cinéma, théâtre…
Au Cégep :
– DEC en technologies sonores offert au Cégep de Drummondville
– DEC en technologie de l’électronique option Audiovisuel offert au Cégep du Vieux-Montréal
– A.E.C en sonorisation et enregistrement offert au Cégep de Drummondville et au Collège d’Alma
– A.E.C en techniques de production audio offert à Musitechnic (établissement subventionné par le Ministère de la Culture et le diplôme NNC0F est reconnu par le Ministère de l’Éducation)
– A.E.C en enregistrement et sonorisation offert au Campus Notre-Dame-de-Foy (CNDF, établissement d’enseignement collégial privé)
– A.E.C en techniques de sonorisation et d’enregistrement musical offert par l’Institut d’enregistrement du Canada à Montréal
– A.E.C en enregistrement du son et sonorisation offert à l’Institut Trébas à Montréal
À l’Université :
– Cours de Techniques d’enregistrement stéréo et sonorisation offert dans plusieurs baccalauréats à l’Université de Montréal
Pour obtenir le titre d’ingénieur du son, il faut être membre de l’Ordre des ingénieurs du Québec. Il existe d’autres appellations que technicien de son liées au domaine de spécialisation. Par exemple, dans le domaine du spectacle on parle de sonorisateur, dans celui du jeu vidéo, artiste sonore…
Et après ?
Le technicien de son peut travailler dans l’industrie du disque et du spectacle, dans l’industrie du cinéma, pour des télédiffuseurs et des radiodiffuseurs, dans l’industrie du jeu vidéo, dans des entreprises spécialisées en acoustique ou encore des studios d’enregistrement.