Tu t’es cassé une dent et tu as besoin d’une couronne pour la remplacer ? Vite, un technicien dentaire et de la porcelaine à la rescousse ! Du dentier de ta grand-mère à l’implant dentaire de ton père, le technicien dentaire est un joailler du sourire.
Ce spécialiste fait une différence dans le sourire de bien des gens, et pourtant, son métier est peu connu, car les patients ne le rencontrent jamais. Comme il n’a pas le droit de les traiter directement, c’est le dentiste ou le denturologiste qui effectuent les essayages.
Les techniciens dentaires sont des personnes très minutieuses, qui aiment la précision. Ils doivent faire preuve d’une grande dextérité manuelle, puisqu’ils sont appelés à fabriquer de petits objets qui doivent s’intégrer soit à une prothèse, soit directement à la bouche des patients.
Ils doivent aussi avoir l’âme d’un artiste, pour arriver à un résultat qui soit joli, en plus d’être confortable en bouche. Heureusement, l’informatique vient aujourd’hui leur prêter main-forte. On conçoit maintenant des prothèses de façon virtuelle avant de les matérialiser grâce à des machines sophistiquées.
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Simon Leclerc codirige un laboratoire dentaire depuis 1987, à Laval. Seize personnes y travaillent. Des prothèses et des couronnes, l’équipe en a fabriqué des milliers.
Qu’est-ce qui vous a poussé à exercer ce métier ?
C’est un métier qui permet de créer à partir de peu de choses. Des vis, une meule, des outils et quelques matériaux : avec un bout de métal, je peux construire les piliers de soutien d’une couronne ; j’utilise de la porcelaine pour la couronne elle-même ; de l’acrylique pour fabriquer des dents ; de l’or pour les blocs métalliques coulés qui reconstitueront la forme d’une dent. Évidemment, l’informatique et la robotique sont des outils maintenant incontournables. Mais à la base, c’est très stimulant de penser qu’il y aura quelqu’un qui utilisera le résultat de notre travail pour manger !
Avec les années, avez-vous développé une fixation sur les dents ?
Au début, il faut avouer que la curiosité et aussi le désir de voir les différences d’une bouche à l’autre font en sorte que les dents deviennent un peu une obsession, mais cela s’atténue avec le temps.
Combien de temps cela prend-il pour fabriquer un dentier ?
Environ 6 heures suffisent à fabriquer un dentier (que nous appelons prothèse complète amovible) en laboratoire, sauf si il est peu conventionnel. Si le menton du patient est plus avancé que la normale, par exemple, et que sa bouche ferme moins bien, il arrive que le temps nécessaire à la fabrication soit plus long.
Y a-t-il des problèmes de dents impossibles à réparer en laboratoire ?
Certainement. Il y a des gens qui attendent trop longtemps avant de consulter leur dentiste ou leur denturologiste. Par exemple, si quelqu’un porte une prothèse depuis 20 ou 30 ans, les tissus des gencives s’affaissent et il devient très difficile d’en reconstruire une nouvelle, parce qu’elle ne peut tout simplement plus tenir en place.
Certaines maladies des gencives ou des dents trop abîmées peuvent aussi compliquer le traitement. Mais il y a plusieurs possibilités de nos jours et on réussit souvent à trouver une solution, comme la chirurgie.
Racontez-nous une anecdote amusante en lien avec votre travail.
Un jour, un chauffeur de taxi qui venait prendre possession d’une prothèse pour un dentiste a été terrifié d’entrer dans le laboratoire. Il a fallu aller lui porter dehors, emballée dans une boîte et dans un sac, pour qu’il accepte de la prendre ! Il était convaincu que nos prothèses étaient fabriquées avec des dents de morts !
Une expérience traumatisante ?
Réparer une prothèse vieille de 40 ans et mal entretenue, voilà qui peut parfois être traumatisant ! Cœurs sensibles, s’abstenir…
Simon arrive à son laboratoire à 8 h. Il commence par faire la liste du matériel qui doit être livré à ses clients dentistes avant la fin de la journée. Il rencontre ensuite ses collègues de travail afin de déterminer l’échéancier du jour et de discuter des cas problèmes, c’est-à-dire les prothèses ou autres pièces en construction qui posent des difficultés techniques. Ils essaient de trouver ensemble des solutions, car le métier s’exerce en équipe et les forces et les spécialités de chacun sont mises à contribution.
Vers 10 h, il rencontre son associée, Marie-Lyne Côté, afin de prendre certaines décisions administratives pour le laboratoire et d’échanger quelques conseils techniques sur les prothèses en cours de fabrication. Chacun s’en va par la suite accomplir ses tâches. C’est alors que Simon sort ses outils pour commencer ou poursuivre la construction de ses prothèses, couronnes, ponts, etc.
Après le dîner, Simon fait ses retours d’appels, vérifie l’état du travail accompli à cette heure selon l’échéancier fixé en matinée, et se penche ensuite sur les prothèses à construire qui sortent de l’ordinaire. Il avise alors les dentistes des changements qu’il devra apporter à leur ordonnance, si nécessaire. C’est vers 16 h 30 qu’il quitte le boulot, satisfait du travail accompli, après une journée bien remplie !
Simon Leclerc a fait ses études au Collège Édouard-Montpetit, à Longueuil, le seul cégep à offrir cette formation au Québec.
Au cégep :
DEC en technique dentaire (3 ans)
(pour être accepté dans ce programme, il faut avoir réussi Science et technologie ST ou ATS 4e ou Sciences physiques 436 ou l’équivalent)
Note : lors de l’entrée au cégep, il faut acquérir ses propres instruments de travail, qui serviront durant toutes les études et lors de l’entrée sur le marché du travail.
Et après ?
Pour porter le titre de technicien dentaire et diriger éventuellement son propre laboratoire, il faut devenir membre de l’Ordre des techniciennes et techniciens dentaires du Québec (OTTDQ). Cela permet de poursuivre sa spécialisation grâce à des séances de formation continue organisées par l’OTTDQ, histoire de se garder à la fine pointe de la technologie et des nouveaux matériaux disponibles sur le marché.
Le technicien dentaire exerce son art dans des laboratoires dentaires commerciaux, des hôpitaux, des cliniques dentaires ou d’orthodontie, des facultés dentaires d’université, au sein d’organismes gouvernementaux ou encore pour des compagnies dentaires manufacturières.