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Photo: Corbis
Depuis cinq ans, le Pakistan a été touché par des catastrophes naturelles de grande ampleur. La pire de l’histoire du pays fut, en 2010, une série d’inondations qui ont recouvert un cinquième du territoire, affectant 20 millions de personnes. L’année suivante, à peine relevés, les Pakistanais faisaient face à une autre inondation majeure dans la zone semi-aride de Sindh.
«Les changements climatiques rendent le temps erratique. Une année, ce sont des inondations massives, l’année suivante, c’est la sécheresse», dit Adil Najam, doyen de la Frederick S. Pardee School of Global Studies, à l’université de Boston aux États-Unis. Il d’ailleurs mené un projet de recherche au Pakistan, avec la Lahore University of Management Sciences (LUMS), afin de comprendre comment les agriculteurs peuvent s’adapter aux aléas du climat. «Quand vous ne savez pas à quel temps vous attendre, votre vie entière est chamboulée», souligne-t-il. Cela est particulièrement vrai pour les agriculteurs.
Adil Najam calcule que, d’ici 25 ans, la productivité agricole du Pakistan risque d’être réduite de 8% à 10% en raison des changements climatiques. Le projet de recherche mené par la LUMS, en collaboration avec le Social Policy and Development Centre et le Pakistan Institute of Development Economics (PIDE), vise donc à aider les agriculteurs à améliorer leurs pratiques. L’équipe de chercheurs est allée discuter de ses méthodes de travail et tenter de trouver avec eux ce qui pourrait être fait différemment, tout en minimisant les coûts. «On leur propose de modifier le type de cultures. Par exemple, en période de sécheresse, ils pourraient passer de la culture de la canne à sucre à celle du maïs qui nécessite moins d’eau», explique-t-il. Déjà, dans certaines régions, des agriculteurs ont délaissé la culture des bananes et du blé pour celle de la moutarde et des dattes, qui survivent mieux dans un sol aride.
Avec les changements climatiques, les agriculteurs doivent aussi corriger leur calendrier. Ils vont, par exemple, semer plus tard dans la saison et intercaler différents types de cultures au cours de l’année.
Adil Najam note que de telles adaptations permettront même aux fermiers d’être plus productifs qu’autrefois, quand le climat ne posait pas encore de problème. «Leurs pratiques agricoles n’étaient pas toujours efficaces, remarque-t-il. Ils ont maintenant l’occasion de bonifier leurs pratiques et leurs résultats.»
Cependant, même si les agriculteurs parviennent à long terme à adapter leurs pratiques au climat, le chercheur insiste: il faut corriger le problème à sa source. «La meilleure solution, rappelle-t-il, c’est encore de réduire les émissions de gaz à effet de serre.»