Vêtus de sarraus, lunettes de protection au nez, les chimistes travaillent souvent dans les laboratoires.
Ils analysent de quoi sont formées les substances, détectent des produits toxiques dans l’eau, le sol ou la nourriture.
Ils enquêtent pour savoir comment agissent les médicaments sur le corps, inventent de nouveaux produits chimiques ou de nouvelles façons d’en fabriquer.
Souvent, leur inventivité facilite la vie des gens. Parfois, elle la sauve carrément…
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René Roy est une sorte de faussaire. Il contrefait des molécules !
Ce chercheur a concocté le premier vaccin synthétique contre la méningite et la pneumonie.
Un vaccin conventionnel contient toujours une composante de la bactérie qu’il doit combattre. Habituellement, il s’agit du polysaccharide capsulaire, une espèce de manteau qui enveloppe la bactérie.
En y étant exposé à faible dose, le système immunitaire apprend à reconnaître la bactérie, pour mieux la combattre par la suite. C’est le principe de la vaccination.
René Roy, lui, a décidé d’imiter le « manteau » que revêt la bactérie responsable de la pneumonie et de la méningite (bactérie Hib).
À l’aide de différents sucres, assemblés en laboratoire comme des blocs de construction, il a réussi à imiter à la perfection ce manteau bactérien…
Il a ainsi fabriqué de nouvelles structures moléculaires, les « glycodendrimères », qui empêchent certaines infections bactériennes.
Quels sont les avantages d’un vaccin synthétique par rapport à un vaccin conventionnel ?
Il est beaucoup moins coûteux à fabriquer ! Pour concevoir un vaccin conventionnel, on cultive la bactérie dans d’immenses bassins de fermentation, puis on lui enlève son manteau, qui devient la matière première du vaccin.
Avec un vaccin synthétique, plus besoin de dépouiller les bactéries de leur manteau. On n’a même pas besoin de bactéries. On peut alors fabriquer des millions de doses du vaccin dans un petit contenant de 5 litres.
Comme le processus est moins coûteux, les populations des pays en voie de développement pourront profiter de ces vaccins révolutionnaires.
Votre inventivité sauvera donc des vies ?
Absolument, oui. La bactérie « Hib » provoque chaque année entre 400 000 et 700 000 décès chez les enfants âgés de 4 à 18 mois à travers le monde, et plusieurs pays n’ont pas les moyens de s’offrir les vaccins conventionnels.
Rêviez-vous de devenir chimiste lorsque vous étiez enfant ?
Oh oui ! Je me souviens que je demandais toujours à mes parents de m’acheter un jeu de chimie alors que j’avais à peine 10 ans. J’avais mon propre petit laboratoire improvisé, dans le grenier…
Avez-vous fait quelques gaffes dans ce tout premier labo ?
Quelques-unes, oui… Ma toute première fusée a explosé ! Je pense que la poudre que j’avais concoctée était un peu trop performante par rapport à la structure de ma petite fusée et… POW !
Quelles sont les qualités indispensables pour devenir un bon chercheur en chimie ?
D’abord, la ténacité ! Le succès n’est pas instantané et il faut travailler très très très fort. La créativité est une autre précieuse alliée. J’ai rencontré bien des gens qui ne croyaient pas à la possibilité de jouer ainsi avec l’enveloppe des bactéries. Ce sont la créativité et la ténacité qui m’ont permis de les convaincre.
Quel aspect de votre métier préférez-vous ?
La liberté intellectuelle. Personne ne me dit quoi faire et mes horaires sont assez flexibles. Et mes recherches permettent d’aider des enfants dans les pays en voie de développement.
Y a-t-il un aspect que vous aimez un peu moins ?
Parfois, on doit côtoyer des gens un peu entêtés, qui manquent d’ouverture d’esprit et empêchent la science d’évoluer…
Étiez-vous bon à l’école ?
Assez, oui, et je dois dire que j’étais pourtant un peu nonchalant. J’étais toujours à la dernière minute, mais ça ne m’a heureusement pas trop nui, on dirait…
À 9 h 30 précise, René Roy est attendu par ses étudiants de l’Université du Québec à Montréal inscrits au cours Chimie organique.
Mais il arrive à l’Université bien avant. Dès 8 heures, il est assis devant l’ordinateur.
Au programme : entretenir des correspondances avec ses collègues, faire des demandes de subvention, participer à l’organisation d’un symposium international sur les vaccins. Ces 90 minutes passent à la vitesse de l’éclair !
René Roy adore enseigner : « Donner le goût de la chimie à mes étudiants, c’est ma plus belle récompense ».
À 12 h 30, il prend le temps de répondre aux questions de chacun, puis engloutit un sandwich en répondant à ses courriels, toujours devant son ordinateur.
Puis, c’est la tournée des laboratoires, histoire de superviser les recherches de ses étudiants inscrits à la maîtrise. « Ces étudiants sont mes tentacules, ce sont eux qui effectuent une bonne partie de mes recherches. Mais les éprouvettes me manquent parfois », confie le Dr Roy.
Après une petite réunion administrative, le voilà en route vers la maison. Mais la journée de travail est loin d’être terminée… Il a par exemple fondé Pharmaqam, un centre de recherche en chimie pharmaceutique qu’il dirige encore aujourd’hui. Pour M. Roy, il n’y a pas assez de 24 heures dans une journée !
« Il ne faut pas avoir peur de travailler le soir et les fins de semaine. Parfois, je me réveille même au beau milieu de la nuit pour noter une idée dans mon petit calepin ».
Une idée qu’il fera tester dès le lendemain matin à l’un de ses étudiants et qui, peut-être, changera la vie des gens.
René Roy a fait un baccalauréat en chimie à l’Université de Montréal, puis son doctorat à la même université. Il a ensuite effectué un stage postdoctoral à l’Université d’Ottawa, où il a décroché un poste de chargé de cours, avant de devenir professeur permanent.
Au Cégep :
Dec en sciences pures (2 ans)
À l’université :
Baccalauréat en chimie (3 ans)
• Université Bishop’ s
• Université Concordia
• Université Laval
• Université McGill
• Université de Montréal
• Université de Sherbrooke
• Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)
• Université du Québec à Montréal (UQAM)
• Université du Québec à Rimouski (UQAR)
• Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)
Maîtrise en chimie (2 ans)
• Université Bishop’ s
• Université Concordia
• Université Laval
• Université McGill
• Université de Montréal
• Université de Sherbrooke
• Université du Québec à Montréal (UQAM)
• Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)
Doctorat en chimie (4-7 ans)
• Université Concordia
• Université Laval
• Université McGill
• Université de Montréal
• Université de Sherbrooke
• Université du Québec à Montréal (UQAM)
Stage postdoctoral à l’étranger (2-5 ans)
Et après ?
Les chimistes travaillent dans les laboratoires de recherche, dans les industries pétrochimiques, les compagnies pharmaceutiques, les usines qui fabriquent des métaux ou des pâtes et papiers, les industries alimentaires, les universités, le gouvernement, et la liste s’étire à l’infini…