C’est en 2003 qu’on avait annoncé sa découverte. Haut d’à peine un mètre, faisant tout juste 30 kg, disparu depuis 50 000 ans, l’homme de Florès avait fait les manchettes et fait naître toutes sortes d’hypothèses. S’agissait-il d’un Homo sapiens avec un problème de croissance ou une maladie mentale qui avait compromis le développement de sa boîte crânienne ? Ou encore des Homo erectus qui auraient évolué vers une forme naine après être arrivés sur l’île de Florès où il n’y avait pas de prédateurs, et où les ressources étaient limitées ? La découverte d’Homo floresiensis avait apporté beaucoup plus de questions que de réponses.
Le « Hobbit », comme on avait surnommé ce petit hominidé, a finalement livré une partie de ses secrets. Des chercheurs australiens, américains et malgaches ont mené une étude phylogénétique très poussée sur ses restes fossilisés (on a trouvé une dizaine d’individus). Pour mener une telle analyse, il faut choisir de nombreux caractères anatomiques et comparer leur état avec les mêmes caractères chez de nombreuses autres espèces apparentées.
Dans ce cas-ci, c’est 133 caractères qui ont été retenus, de la largeur du crâne à la grosseur du point d’insertion des muscles sur la nuque, chez trois espèces d’australopithèques, sept espèces d’Homo, de même que l’orang-outan, le chimpanzé et le gorille. Ces nombreuses données sont entrées dans un logiciel qui les brasse et produit l’arbre phylogénétique le plus probable, c’est-à-dire un arbre qui montre quelles espèces sont les plus apparentées.
Comme les Homo erectus ont vécu dans la région où l’homme de Florès a été trouvé, le scénario naturel était qu’ils en étaient les ancêtres. Mais l’analyse a montré que l’Homo floresiensis était en fait encore plus primitif que l’Homo erectus: il était plus apparenté à l’Homo habilis, un hominidé plus ancien qu’on a seulement retrouvé en Afrique. Cela signifie donc que l’Homme de Florès serait peut-être arrivé sur son île il y a bien longtemps (1,75 million d’années), avant même que l’Homo erectus se pointe dans la région (1,5 million d’années).
Il est surprenant de découvrir que des hominidés auraient quitté l’Afrique aussi tôt, car jusqu’à maintenant, on considérait que l’erectus était le premier à l’avoir fait. Les analyses continuent. Quelle autre surprise nous révélera le petit hobbit ?