Le 27 mai 2016, un pêcheur a capturé une carpe de roseau à Contrecœur, en Montérégie. C’était la preuve tangible que cette espèce exotique, introduite aux États-Unis dans les années 1960, avait atteint le grand bassin du fleuve Saint-Laurent et y vivait. Mauvaise nouvelle pour les poissons locaux.
Mais les biologistes du gouvernement savaient déjà qu’elle s’y trouvait: en 2015 et 2016, des échantillons d’eau de 110 sites avaient été analysés à la recherche d’ADN de carpes asiatiques. Celui de la carpe de roseau a été retrouvé dans 16 de ces échantillons. Une preuve irréfutable de sa présence dans le Saint-Laurent.
C’est ce qu’on appelle l’ADN environnemental: des brins d’ADN qui flottent dans le milieu et qu’on peut récupérer et identifier. Ce matériel génétique peut provenir de mucus, de matière fécale, d’urine, de cadavres en décomposition. Les molécules d’ADN demeurent dans l’environnement quelque temps avant de se décomposer.
On se sert déjà de cette technique, par exemple pour faire un inventaire de tous les poissons qui vivent dans un cours d’eau. On prélève de l’eau, on la filtre très finement, puis on analyse tout l’ADN recueilli pour identifier les espèces desquelles il provient.
Cette nouvelle méthode sera bientôt aussi utilisée pour étudier nos ancêtres humains. Les cavernes ornées de peintures rupestres contiennent rarement d’ossements humains qui permettrait d’identifier précisément l’espèce qui y a séjourné. Mais en prélevant les sédiments compactés sur le sol et en analysant l’ADN qu’ils contiennent, on pourrait déterminer si c’est Cro-Magnon, Néandertal ou un autre encore qui est passé par là…
Où il y a des gènes, il n’y a pas besoin d’os…