Régime sans gluten, végétalien, paléo, cru, cétogène… comment démêler le vrai du faux dans le domaine alimentaire ? Heureusement, la nutritionniste est là pour t’aider ! Un chausson avec ça ?
Grâce à ses connaissances et à sa capacité d’analyse, cette professionnelle de la santé sait interpréter avec justesse les tendances culinaires tout comme les études scientifiques. Parfois appelée diététiste, elle guide ses clients vers de saines habitudes alimentaires lors de consultations dans des entreprises privées, dans des cliniques ou dans des hôpitaux. Elle peut aussi travailler en gestion de services alimentaires, en communication ou en recherche et développement.
Dis-moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es… avec la nutritionniste, cette expression prend tout son sens. Bon appétit !
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Elyanne est sur le marché du travail depuis peu, mais cela ne l’empêche pas d’être déjà bien établie dans le domaine. En plus de faire des consultations privées à son compte, elle travaille en tant que nutritionniste dans une clinique de physiothérapie ainsi que dans une salle d’entrainement. Elle écrit également pour le célèbre blogue «Science & Fourchette» dont la mission est d’enrichir nos connaissances et de simplifier l’alimentation pour une relation à la fois simple, positive et saine avec la nourriture. Elyanne y partage recettes et articles de son cru.
En quoi consiste ton travail ?
D’abord, je dois expliquer à mes clients le rôle d’une saine alimentation, et ce qu’est une saine alimentation ! Il y a tout un travail d’éducation. Il faut être bon communicateur pour expliquer quoi faire et comment le faire.
Ensuite, je dois identifier les mauvaises habitudes alimentaires, puis prioriser et planifier les changements à adopter selon les caractéristiques et les objectifs de chaque individu. Le but est de redécouper ces objectifs en plus petits objectifs à court terme, et de chercher des solutions ensemble. Je n’impose jamais rien ! La personne doit avoir envie d’apporter le changement. Ce n’est pas une relation d’autorité, mais une relation d’entraide ! La dimension psychologique de la nutrition est très importante, l’alimentation ne touche pas juste l’assiette, elle touche aussi les émotions !
Qui peut avoir recours à ton expertise ?
Tout le monde peut venir me voir ! Quand on travaille dans le privé, la clientèle est très large : femmes enceintes, adolescents, personnes âgées, malades, athlètes, etc.
La plupart consultent dans le but de perdre du poids, mais j’essaie de changer leur façon de penser pour que leur but soit plutôt d’être en santé. Minceur n’est pas synonyme de santé !
Qu’est-ce qui t’a d’abord intéressé à ce domaine ?
J’avais dans l’idée de travailler dans le domaine de la santé, et j’ai toujours aimé cuisiner.
Quelles sont les qualités qui te servent le plus dans ton travail ?
La rigueur ! C’est définitivement une qualité essentielle à cause de tous les mythes et croyances qui entourent l’alimentation. Je dois investiguer et expliquer aux gens ce qu’il en est réellement pour qu’ils puissent prendre des décisions éclairées. La nutrition est un domaine qui évolue énormément et dans lequel beaucoup de recherche se fait. Je ne peux pas tout connaître, mais je reste à l’affut et je prends le temps de m’informer. Les nutritionnistes suivent un code de déontologie, ils ne peuvent pas dire n’importe quoi : l’éthique professionnelle exige qu’ils se basent sur les faits.
Y a-t-il des défis ou des difficultés associées à ton travail ?
Il faut se battre pour faire valoir notre expertise. Comme tout le monde mange, tout le monde a l’impression d’être en quelque sorte un expert… alors pourquoi payer un nutritionniste ? De plus, peu de compagnies d’assurances remboursent nos services.
Un autre côté que j’aime moins concerne les conditions de travail. En consultation privée, les horaires ne sont pas nécessairement réguliers, et il m’arrive de travailler de soir.
Les clients vivent eux aussi des défis : l’offre alimentaire n’est pas toujours bonne, et c’est dur de trouver la force de résister quand on est toujours exposé à la malbouffe.
As-tu parfois des tâches qui sortent de l’ordinaire ?
Créer des recettes et participer à des séances photo culinaires ! On mange tellement par les yeux… on a plus envie de cuisiner et de manger lorsque les repas sont bien présentés.
Il m’arrive aussi de donner des ateliers spéciaux où mes clients et moi visitons des épiceries.
Où trouves-tu ton inspiration ?
J’expérimente beaucoup en cuisine en fonction de ce que je veux obtenir au final en termes de nutriments. Si je propose au client d’augmenter le contenu en fibres dans ses repas, je pars de là. Des fois c’est un flop total !
Comment ta profession influence-t-elle ta propre alimentation ?
J’ai envie de tester les conseils que je donne aux gens. Si je dis à quelqu’un qu’il peut trouver le temps de cuisiner, je dois être capable d’en faire autant ! Aussi, faire mes propres tests culinaires me donne des idées à transmettre à mes clients.
Si on fouillait dans ton réfrigérateur, qu’est-ce qu’on y trouverait ?
Beaucoup de légumes. Une saine alimentation passe par là, on n’y échappe pas ! J’ai aussi beaucoup d’aromates comme des herbes et des épices pour assaisonner. Il faut que ça goûte bon !
Quel est ton aliment préféré ?
Le chocolat ! Je suis incapable de vivre sans chocolat. Manger santé ne veut pas dire que 100% des aliments sont « santé » !
À ton avis, y a-t-il des aliments à proscrire totalement ?
Non aucun ! Le but est de trouver un équilibre. J’aime bien le principe du «80-20» : 80% de l’alimentation est composée d’aliments sains (mais appréciés !), et 20% d’aliments qui nous font plus plaisir. Le truc est de manger de plus petites quantités et de les savourer !
Que penses-tu des modes alimentaires et des régimes miracles ?
Les modes sont passagères. Pour avoir un impact, un changement dans les habitudes alimentaires doit perdurer dans le temps. De plus, quand on finit par abandonner ces régimes à la mode, souvent compliqués et restrictifs, le sentiment d’échec est dur psychologiquement.
Quel est ton plus bel accomplissement ?
Réussir à donner envie de bien manger aux gens ! Il y a un aspect psychologique à la nutrition, et manger peut devenir anxiogène. Quand je suis capable de modeler leur façon de penser pour transformer cette anxiété en bien-être, je trouve ça fantastique !
Une heure avant l’arrivée de son premier client, Elyanne est déjà sur place pour préparer les rencontres qui se succèderont toute la journée. Les séances durent environ une heure et demie lorsqu’il s’agit d’une première consultation, ou 30 à 60 minutes dans le cas d’un suivi. Avec ses clients, elle discute des objectifs visés, de la progression et des difficultés rencontrées. Ils étudient ensemble le journal alimentaire où tous les repas sont notés afin de documenter l’intégration de saines habitudes alimentaires. Plusieurs outils et astuces sont utilisés : documents, fiches, aide-mémoires, recettes, etc. Chaque approche est personnalisée ! À la fin de la journée, Elyanne met de l’ordre dans ses notes, histoire d’être prête pour la prochaine fois.
D’abord diplômée du programme de technique en diététique au cégep de Limoilou, Elyanne trouvait que sa marge de manœuvre était limitée en tant que simple technicienne. Elle est donc retournée au cégep pour compléter ses cours de science et ensuite s’inscrire au baccalauréat en nutrition à l’Université Laval. Sur le marché du travail depuis 2017, Elyanne a rapidement fait sa place dans le domaine.
Au cégep :
La technique de diététique est offerte dans les établissements suivants : Cégep de Chicoutimi, Cégep de Rimouski, Cégep de Saint-Hyacinthe, Cégep de Trois-Rivières, Cégep Limoilou, Collège de Maisonneuve, Collège Montmorency.
À l’université :
Le baccalauréat en nutrition (ou autre appellation équivalente) est donné dans les universités suivantes : Université de Montréal, Université Laval, Université McGill.
Et après…
La nutrition est définitivement un sujet auquel le grand public et les gouvernements s’intéressent de plus en plus. Pas de doutes qu’un domaine qui préoccupe autant sera en demande au cours des prochaines années ! Plusieurs opportunités de carrières s’offrent aux diplômés en nutrition: consultation, enseignement, gestion de services alimentaires, inspection, contrôle de qualité, communication, recherche et développement, etc.