L’allaitement est une caractéristique propre des mammifères. Durant les premiers mois, le lactose contenu dans le lait maternel constitue la principale source énergétique des petits. En grandissant, ils prennent ainsi leur indépendance vis-à-vis de leur mère et perdent naturellement leur capacité à digérer le lait. L’Homme, en tant que mammifère, ne déroge pas à la règle, excepté quelques populations.
Le lactose est un disaccharide, autrement dit, il est constitué de deux sucres : le glucose et le galactose. Difficilement assimilable sous cette forme, le lactose doit être dissocié pour passer dans le sang lors de la digestion. C’est le travail de la lactase. Sécrétée par les cellules de la muqueuse de l’intestin grêle, cette enzyme agit comme une paire de ciseaux et découpe le lactose en glucose et en galactose qui seront ensuite distribués aux différentes cellules du corps.
Tu l’as compris, la lactase est une précieuse alliée des mammifères qui cesse généralement de travailler après le sevrage. Sans lactase, le lactose se retrouve aux mains des bactéries du gros intestin, qui ne lui font pas de cadeaux et le décomposent en acides et en gaz… On estime que 70% de la population mondiale aurait des troubles gastriques (gaz, diarrhée, maux de ventre) suite à la consommation de lait. Mais attention, il ne s’agit pas d’allergie, mais bien d’intolérance.
Et les autres ? Certaines populations comme les Européens, les Américains d’origine européenne ou encore les Africains de l’Ouest digèrent très bien le lait même à l’âge adulte. Pour l’expliquer, il faut s’intéresser à la génétique. Naturellement, le gène qui ordonne la production de la lactase devient inactif après le sevrage. Chez certaines populations humaines, les chercheurs ont découvert que des changements, appelés mutations, sont apparus sur ce gène au cours de l’évolution, le gardant actif toute la vie, ce qui confère à ces individus une tolérance au lactose tout au long de leur vie.
Si ce caractère s’est transmis au fil des générations, c’est qu’il apportait probablement un avantage évolutif. Lequel ? Plusieurs hypothèses ont été avancées. Il y a 10 000 ans, certaines populations ont commencé à pratiquer l’élevage. Les habitants pouvant consommer le lait de leurs animaux disposaient d’une nouvelle source d’alimentation. En période de mauvaises récoltes, ceux-ci auraient mieux survécu et transmis ainsi cet avantage à leurs descendants. Une autre hypothèse concerne la vitamine D. Très importante pour la santé de nos os et de nos dents, elle est produite par notre organisme sous l’action du soleil. On la trouve aussi dans… le lait. Ainsi, dans les régions peu ensoleillées, les adultes tolérants au lactose disposent d’un avantage en compensant leur manque de vitamine D en consommant du lait.
L’intolérance au lactose est souvent présentée comme une maladie, mais elle est plutôt une norme chez l’adulte. Pour mieux vivre avec, il suffit de diminuer sa consommation de lait et de manger des produits contenant moins de lactose comme les yogourts ou certains fromages.