Un jeune mammouth fonce dans la toundra, deux tigres à dents de sabre affamés à ses trousses. Image du passé ? Oui, mais peut-être aussi du futur !
Des chercheurs proposent actuellement — et le plus sérieusement du monde — de ressusciter des espèces disparues grâce à la génétique moderne. Mais la tâche est complexe.
D’abord, pour ressusciter ou cloner une espèce, on doit mettre la main sur son ADN. Or, après seulement 10 000 ans sous terre, l’ADN s’est considérablement dégradé. Même dans des conditions idéales de congélation complète, il est très peu probable de trouver de l’ADN dépassant un million d’années. On oublie donc celui des dinosaures, disparus depuis 65 millions d’années.
Des chercheurs travaillent donc à ressusciter des espèces éteintes plus récemment et dont l’ADN est encore intact. C’est ce qu’a tenté en 2003 une équipe franco-espagnole avec la dernière bucardo, une variété de chèvre qui vivait dans les Pyrénées. Celia, la dernière représentante de l’espèce était décédée en 2000, écrasée par un arbre. Les chercheurs ont pris un ovule de chèvre domestique et ont remplacé son ADN par celui d’une cellule congelée de Celia. Ensuite, ils ont placé l’embryon transgénique dans une chèvre domestique femelle. Quelques mois plus tard, miracle ! Pour la première fois de l’histoire, des scientifiques ont ramené une espèce à la vie… Malheureusement, le clone de Celia est mort dix minutes plus tard d’une défaillance pulmonaire. La chèvre bucardo est la seule espèce à s’être éteinte deux fois.
Depuis, les méthodes de clonage se sont raffinées ; on s’approche de la possibilité de cloner un animal même si l’on ne possède que quelques fragments de son ADN, comme le mammouth ou le tigre à dents de sabre. L’ADN du mammouth pourra, par exemple, être « tricoté » avec celui de son cousin l’éléphant, en remplaçant les gènes « éléphants » d’une cellule par des gènes « mammouths ». L’embryon génétiquement modifié « éléphant-mammouth » sera porté par une maman éléphant et hop, un bébé mammouth naitra !
Mais des chercheurs réfléchissent aux risques de ramener des espèces éteintes. A-t-on la responsabilité morale de ramener les espèces dont nous avons causé la perte ? Joue-t-on plutôt à Dame Nature ? Quelles espèces choisira-t-on de ramener ? Pourront-elles s’adapter aux écosystèmes modernes ? Quel sera leur impact sur l’environnement ?
Sur le même sujet :
Notre portrait du métier de généticien
Lien externe:
Capsule sur la dé-extinction sur le site du Ministère des Ressources Naturelles et de la Faune du Québec