Avec le vieillissement de la population, la fonction du kinésiologue est en plein essor dans le domaine de la santé. Ta condition physique ne te convient pas ? Il est le spécialiste à consulter pour améliorer ta forme physique selon tes objectifs. Il joue aussi un rôle important dans la réadaptation de patients qui souffrent de diverses conditions médicales, qu’elles soient physiques ou psychologiques.
Grand connaisseur de la performance sportive, le kinésiologue est employé par les équipes de sport et les centres d’entraînement physique pour construire des programmes d’exercices permettant aux athlètes et aux clients d’améliorer leurs accomplissements sur le terrain ou dans le gym.
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Gabrielle est kinésiologue dans un gym et elle étudie en même temps dans un programme de maîtrise à l’Institut universitaire en santé mentale de Québec.
Quelles sont les qualités requises pour exercer ton métier ?
Il faut énormément d’entregent parce que notre métier, c’est d’interagir avec les gens. De plus, ça prend de la créativité, car on doit personnaliser les traitements et les exercices physiques de chaque patient. On a aussi besoin de curiosité pour dépasser les connaissances qu’on acquiert dans les livres de cours.
Qu’aimes-tu le plus dans ton métier ?
Le lien que je peux créer avec mes patients. J’ai de la chance parce que je vois mes clients régulièrement. Ce sont des gens qui viennent me consulter pour améliorer leurs conditions de vie, mais au fil de nos rencontres, on apprend aussi à connaître leur histoire. Contrairement à d’autres spécialistes de la santé, on bâtit des relations à long terme parce que les changements physiques que l’on vise prennent du temps et les exercices et programmes doivent s’adapter à l’évolution des patients.
Qu’apprécies-tu le moins dans ton métier ?
Le plus difficile, c’est le manque de reconnaissance de la part du réseau de la santé. On n’a pas encore d’ordre pour définir notre rôle. Il y a aussi de la confusion chez la population entre mon métier et d’autres disciplines qui se ressemblent, comme la physiothérapie. Heureusement, on fait de plus en plus notre place dans les hôpitaux, à l’intérieur d’équipes pluridisciplinaires. C’est très positif pour les patients.
Est-il parfois difficile de travailler avec des patients ou des clients ?
Oui, comme pour tout professionnel de la santé. On ne peut pas aider un patient qui ne veut pas ou qui ne s’aide pas un peu lui-même. Il faut accepter le fait qu’on soit limité dans la réussite de nos interventions. C’est effectivement le patient ou le client qui a une grande part de responsabilité dans l’amélioration de ses conditions de vie.
Une anecdote à raconter ?
J’ai déjà eu un client qui voulait perdre du poids. Comme son alimentation était saine selon lui, il voulait seulement suivre un programme d’entraînement physique. C’est ce que je lui ai préparé. Lors de notre rencontre quelques semaines plus tard, le client était frustré parce qu’il n’avait obtenu aucun résultat. Il me dit finalement qu’il n’avait pas fait la partie cardio-vasculaire de son programme parce que ça l’essoufflait ! Parfois, tu te fais confronter et tu dois rester calme. Heureusement, il y a aussi des gens avec qui ça fonctionne extrêmement bien.
Avais-tu le choix entre différents profils à l’université ?
Oui, je pouvais me spécialiser en ergonomie et sécurité au travail, en performances sportives, en activités physiques et santé ou en profil recherche. On avait aussi plusieurs stages à faire selon son profil; c’est en évoluant dans différents milieux qu’on apprend à connaître nos champs d’intérêt et nos préférences pour les diverses aspects du métier.
Tu es en train de faire une maîtrise, qu’est-ce que ça va t’apporter dans ta profession ?
Faire une maîtrise me permet de me spécialiser dans un contexte plus précis de mon métier; personnellement, j’aimerais travailler dans un milieu lié à la santé mentale. C’est aussi une opportunité de rencontrer des gens qui gravitent dans ce milieu-là, que ce soit d’autres kinésiologues ou des chercheurs. On pense souvent que la recherche est un milieu inaccessible et sérieux, mais c’est bien plus dynamique qu’on croit !
Au Québec, l’approche interdisciplinaire est mise de l’avant dans le système de la santé. Comment est-ce que cela affecte ton travail ?
À l’Université Laval, on suit un cours en relations interprofessionnelles. Ce sont des périodes de cours en classe avec des cas fictifs où on travaille en équipes avec des étudiants en ergothérapie, en physiothérapie, en travail social et en soins infirmiers. Tu réalises alors que certains métiers s’entrecoupent et que les connaissances en soin de santé se complètent. Le but est de comprendre comment on peut appliquer les interventions des différents professionnels dans un ordre qui favorise le patient.
Tu écris parfois des billets de blogue pour Squat & Fraise. Pourquoi tiens-tu à partager ton expertise et à éduquer ?
Je sens que j’ai un peu un devoir d’informer le public et de faire la part du vrai et du faux entre toutes les informations qui circulent autour de nous. Squat & Fraise, c’est un blogue qui a été créé par une étudiante de l’Université Laval sur lequel des étudiants de différents domaines de la santé écrivent. On voit passer énormément de faussetés sur Internet, si je peux contribuer à combattre la désinformation, c’est tant mieux !
Gabrielle a un poste à temps partiel dans un centre d’entraînement Nautilus comme kinésiologue. Elle partage ses journées en 3 types de rencontres avec les clients qui s’y entraînent.
Lors des sessions d’entraînement avec ses clients, elle leur propose des circuits d’exercices qui allient la musculation et le travail cardio-vasculaire. Lorsque l’entraînement se fait en petits groupes, elle crée alors un programme plus global. Mais pour des entraînement privés, elle propose un programme selon les objectifs précis de son client. Par exemple, si son client aime courir, elle en profite pour lui faire courir des intervalles, pour lui présenter différents types de courses ou pour travailler la musculation spécifique aux coureurs.
Gabrielle est aussi responsable, avec d’autres collègues, des séances d’évaluation de la condition physique. C’est une tâche réservée aux kinésiologues. Cette séance est obligatoire pour chaque nouvel abonné de Nautilus afin d’éviter des problèmes de santé liés à l’exercice. C’est une précaution qui lui a permis de repérer des problèmes de pression artérielle chez des clients aussi jeunes que 17 et 22 ans ! Dans de tels cas, elle doit conseiller à la personne de consulter un médecin avant de poursuivre son entraînement physique.
Assise à son ordinateur, Gabrielle poursuit sa journée avec la création de programmes pour ses abonnés. Les programmes qu’elle doit développer sont très variés: tout le monde n’est pas là pour perdre du poids, loin de là ! Un client qui souhaite courir un marathon ne fait pas la même préparation physique qu’une autre personne qui cherche à se remettre en forme. Autre exemple : elle a une cliente qui est en rémission de cancer. Elle l’aide à reprendre du poids et de la masse musculaire après les durs traitements qu’elle a subis. Parfois, elle s’assoit avec un abonné pour discuter avec lui de son évolution et elle réévalue ses besoins. À travers tout ça, Gabrielle essaie d’ajouter une dimension «plaisir» afin d’éviter que ses clients ne se démotivent par ennui. C’est un beau défi !
Finalement, elle étudie aussi à l’Institut universitaire de santé mentale de Québec où elle est candidate à la maîtrise dans l’équipe du psychiatre Dr Marc-André Roy. Elle y travaille sur un projet qui se rattache au programme Équilibration, un programme d’activités physiques pour les jeunes âgés de 18 à 35 ans ayant des troubles psychotiques. En effet, un grand nombre d’études ont démontré les bienfaits de l’activité physique chez les patients vivant avec des maladies mentales.
Gabrielle a réalisé un DEC en sciences de la nature au cégep de Sainte-Foy, puis un baccalauréat en kinésiologie à l’Université Laval. En plus de travailler dans son domaine chez Nautilus, elle est présentement candidate à la maîtrise à l’Institut universitaire en santé mentale de Québec avec un projet de recherche alliant activités physiques et troubles psychiatriques.
Au cégep :
- DEC en sciences, lettres et arts
- DEC en sciences de la nature et avoir atteint les objectifs 00XU (biologie) et 00XV (chimie)
- tout autre DEC décerné par le ministre de l’Éducation du Québec ou faire preuve d’une formation équivalente au DEC et avoir réussi les cours en biologie, chimie, mathématiques et physique.
À l’université :
- Baccalauréat en kinésiologie (3 ans) dans plusieurs universités québécoises, dont quelques exemples plus bas.
À l’Université Laval, il est possible de choisir une concentration parmi les options suivantes : activité physique et santé, ergonomie et santé au travail, performance sportive ou recherche.
L’Université de Montréal propose un cheminement régulier avec de nombreux choix de cours ou un cheminement préparant l’étudiant intéressé par la recherche à poursuivre des études graduées.
Le programme de kinésiologie de l’Université du Québec à Trois-Rivières comprend quant à lui un externat crédité de 4 mois dans un milieu d’intervention.
L’Université de Sherbrooke propose son programme de kinésiologie en régime coopératif (COOP). Il s’échelonne plutôt sur 4 ans avec des stages payés en milieux professionnels, intégrés aux sessions universitaires.
Et après ?
En tant que spécialiste de la condition physique des individus, de l’activité physique et de l’amélioration de la performance, le kinésiologue peut se retrouver dans différents milieux liés à la santé et aux sports. C’est le cas des hôpitaux, des cliniques médicales et des CLSC. Le kinésiologue travaille aussi dans des cliniques de réadaptation physique et en partenariat avec des physiothérapeutes. Finalement, il est employé par des clubs sportifs, des centres d’entraînement physique, des municipalités et des organismes de régie sportive.