Tu veux tout savoir, de l’histoire des dinosaures au fonctionnement du cerveau en passant par les secrets des trous noirs? Pourquoi ne pas transformer ta curiosité en carrière?
Le travail du journaliste scientifique consiste à analyser et vulgariser la science pour le grand public. Il déniche ses renseignements autant en fouinant dans la littérature qu’en effectuant des entrevues en personne. Par radio, télévision, écrit, ou encore sur internet, il communique ses connaissances et combat la pseudoscience, armé de son sens critique… Un peu comme nous le faisons ici, sur «BUZZons»!
- Entrevue
- Journée type
- Études et emplois
Suite à l’obtention de la prestigieuse bourse Fernand-Séguin en 1998, Marie-Pier se lance dans la carrière de journaliste scientifique. Dans ses débuts, elle met sur pied «Cybersciences junior», qui deviendra plus tard «BUZZons»! Depuis, elle accumule les prix et les projets d’envergure. On la voit partout : dans des magazines, à la télévision, à la radio. Bref, elle va là où sa curiosité intarissable la mène!
En quoi le journalisme scientifique est-il différent des autres types de journalisme?
Quand on parle de science, il est important de faire preuve de sens critique et de capacités à vulgariser, mais c’est également le cas pour les autres domaines spécialisés du journalisme. La politique et l’économie peuvent être très complexes aussi! Ce sont les mêmes fondements, il s’agit d’aller chercher l’information la plus juste possible, et de la rendre accessible.
Sur quel projet travailles-tu en ce moment?
Sur une série documentaire appelée «Sur les routes de la science», où je visite des scientifiques de partout dans le monde! Cette idée est née d’une simple discussion, et voilà qu’elle se concrétise : la série sera diffusée sur Ici Explora en avril 2017.
As-tu toujours autant voyagé pour le travail?
Oui, mais pour avoir cette chance, il faut construire ta carrière en conséquence… Ça n’arrive pas sur un plateau d’argent! Je me suis débrouillée pour obtenir des bourses qui m’ont permis de faire des reportages dans d’autres pays, dont le Japon. J’ai aussi participé à un projet de mentorat où j’ai été jumelée à un journaliste d’un pays en voie de développement.
Quelles sont les principales étapes pour la création d’un reportage?
Il faut devenir une éponge à savoir, et lire sur le sujet pour s’en imprégner. Je rencontre ensuite les gens qui peuvent répondre à mes questions, idéalement en personne pour observer leur langage non verbal. Après l’entrevue, j’aime prendre un peu de recul pour laisser l’information mijoter dans ma tête.
Quand je commence à écrire, je trie d’abord les informations importantes, et je choisis l’ordre dans lequel elles apparaissent pour construire un récit fluide. Ensuite, je relis encore et encore, pour peaufiner le texte jusqu’à la moindre virgule. La dernière étape : apprendre à lâcher prise et accepter un second regard sur notre travail!
Quelles sont les qualités qui te servent le plus dans ton travail?
C’est très cliché, mais je dirais la curiosité. Si tu n’es pas intéressé, c’est difficile d’être intéressant!
Il faut aussi beaucoup d’humilité. L’important pour le journaliste n’est pas d’avoir l’air intelligent. Il ne faut pas avoir peur de poser des questions «niaiseuses», parce que si on ne comprend pas, on risque de ne pas être compris non plus.
En tant que journaliste scientifique, tu touches à tous les sujets : biologie, chimie, physique, etc. As-tu une discipline favorite?
Non, j’aime de tout, et je suis à l’aise dans tout!
Tellement de sujets valent la peine d’être mis de l’avant, et j’enrage quand on veut à tout prix axer sur ceux qui ont un impact immédiat sur la vie des gens. N’importe quel sujet, lorsqu’il est bien amené, peut-être vu comme d’actualité… Même l’avancement brut des connaissances!
Qu’est-ce qui t’a d’abord attiré vers cette profession?
Très jeune j’avais déjà un intérêt pour la science, et j’aimais la communication aussi. Je ne savais juste pas que je pouvais gagner ma vie en faisant les deux. Je m’enlignais vers le journalisme scientifique sans même le savoir! La bourse Fernand-Séguin a été l’élément déclencheur, et tout a déboulé par la suite.
Que préfères-tu entre la télévision, la radio et les reportages écrits?
Je les aime chacun pour des raisons différentes. Par écrit, je peux explorer un sujet en profondeur, contrairement à la télévision qui ne permet pas d’aborder autant de contenu. D’un autre côté, la télévision est plus efficace pour rejoindre les gens, tandis que la radio procure une impression de proximité avec les auditeurs. L’idéal est de pouvoir combiner les trois!
Qu’aimes-tu le plus de ton travail?
Chaque rencontre sort de l’ordinaire! J’ai la chance de tisser des liens avec des chercheurs, de m’immiscer dans leurs démarches et d’avoir un accès privilégié à leurs laboratoires. Par contre, je dois faire attention de ne pas laisser mon enthousiasme aller à l’encontre de mon sens critique.
J’aime aussi le fait d’être constamment en train d’apprendre…c’est comme si j’étais payée pour être à l’école!
À ton avis, quel rôle le journalisme scientifique joue-t-il dans notre société?
Comme nous sommes constamment bombardés d’informations, le journalisme scientifique procure aux gens un minimum d’outils et de connaissances pour poser un regard critique sur le monde. C’est plus important que jamais avec toutes les idées fausses véhiculées par les médias sociaux!
Dépendamment du projet sur lequel elle travaille, l’horaire de Marie-Pier oscille entre deux extrêmes! En plein tournage pour sa série documentaire, elle se lève aux petites heures du matin et filme jusqu’à épuisement dans des endroits plus spectaculaires les uns que les autres. D’autres journées sont plutôt passées tranquilles à la maison, en tête-à-tête avec son ordinateur ou à passer des coups de fil.
En 1997, Marie-Pier complète un baccalauréat en communication – profil journalisme, à l’Université du Québec à Montréal. Peu de temps après, elle gagne la bourse Fernand-Séguin, ce qui propulse sa carrière de journaliste scientifique en lui ouvrant les portes du magazine Québec Science.
Deux voies peuvent te mener à la profession de journaliste scientifique. Tu peux d’abord suivre une formation en science, puis t’engager dans l’univers de la communication. Tu peux à l’inverse te former au journalisme, et décider de couvrir spécifiquement les sujets qui touchent aux sciences. Chaque approche comporte son lot d’avantages, mais dans tous les cas un certain bagage scientifique et une bonne capacité à communiquer sont essentiels.
Dans le cas où tu voudrais suivre une formation en communication, plusieurs options s’offrent à toi :
Au cégep :
Technique de communication dans les médias au cégep de Jonquière
À l’université :
Baccalauréat spécialisé en journalisme à l’Université Concordia
Baccalauréat spécialisé en communication – profil en journalisme à l’UQAM
Baccalauréat spécialisé en communication publique avec concentration en journalisme à l’Université Laval
Baccalauréat spécialisé en sciences de la communication à l’Université de Montréal
Baccalauréat spécialisé en communication appliquée à l’Université de Sherbrooke
Baccalauréat spécialisé en communication sociale à l’UQTR
Il est également possible de combiner une formation en communication avec une formation en science dans certains établissements (Université Concordia, UQO, UQAM, Université de Montréal, Université McGill). La discipline qui occupe la plus grande importance dans le parcours s’appelle alors «majeure», alors que l’autre s’appelle «mineure». Ex. : Baccalauréat avec majeure en chimie et mineure en communication.
Et après…
Le journalisme n’est pas un métier en effervescence puisqu’à notre époque, plusieurs médias traditionnels sont en crise ou perdent en popularité au profit des nouvelles plateformes informatiques. Même si la compétition est féroce pour les postes vacants, il est toujours possible de travailler à son compte en tant que pigiste. Différents organismes comme les agences de presse, les agences de relations publiques, les firmes de communication, le gouvernement, les grandes entreprises, les magazines, ainsi que les stations de radio ou de télévision sont susceptibles de faire appel aux services d’un journaliste scientifique.