Que ce soit dans l’industrie spatiale ou les transports, dans les secteurs de l’énergie ou du bâtiment, l’ingénieur en mécanique participe à la création de nouveaux produits ou améliore ceux qui existent déjà.
Sur l’écran de son ordinateur, il peut concevoir une aile ou un moteur d’avion, un train d’atterrissage ou la forme d’un élément de carrosserie. Il étudie ensuite les contraintes que subira ce système mécanique : résistance de l’air, température, frottement, etc. Après de savants calculs, il établit la forme et les dimensions de chacun des éléments pour qu’ils résistent à toutes ces conditions !
Il peut aussi concevoir des machines automatisées qui fabriquent des moteurs, faire de la recherche et du développement ou même gérer une usine. Son champ d’action est tellement vaste que l’ingénieur en mécanique est en demande dans la majorité des industries au pays. Si les technologies évoluent si vite, c’est en partie à cause de lui !
- Entrevue
- Journée type
- Études et emplois
Michel Dubé travaille à Montréal sur des simulateurs de vol pour la compagnie CAE, un chef de file dans le domaine, qui embauche des milliers d’employés à travers le monde. Son truc : les moteurs d’avion !
Les simulateurs de vol de CAE sont la réplique parfaite d’une cabine de pilotage. Comme les pilotes s’en servent pour s’exercer ou expérimenter de nouvelles manœuvres, ils doivent reproduire dans les moindres détails le comportement d’un avion en vol, même s’il demeure au sol. L’illusion est parfaite !
En quoi consiste votre travail ?
Je fais la simulation, en temps réel, de moteurs d’avion. Je conçois d’abord un modèle mathématique du comportement physique du moteur. Par exemple, je développe le calcul qui permet de voir quelle est l’accélération de l’hélice du moteur lorsque la quantité de carburant admise dans la chambre de combustion varie.
Ce modèle calcule ensuite tous les paramètres affichés sur le tableau de bord de la cabine de pilotage, comme la vitesse et la température du moteur. Il calcule aussi les données pour générer le mouvement du simulateur et le son correspondant à la vitesse du moteur. Ensuite, je fais la programmation de ce modèle pour le tester en temps réel.
Et que se passe-t-il une fois la programmation de la partie « moteur » terminée ?
D’autres membres de l’équipe font la même chose pour chacune des parties de l’avion, et tous les programmes individuels sont ensuite regroupés pour former le logiciel qui servira à faire fonctionner le simulateur. Un programme de simulation existe pour chaque modèle d’avion qui vole au-dessus de nos têtes.
Quels sont les principaux défis que vous rencontrez dans l’exercice de votre travail ?
Les échéanciers sont souvent très serrés. Dans le cas où un nouveau modèle d’avion est en création pendant que nous développons son simulateur, nous ne disposons pas toujours de toutes les données nécessaires ; nous devons alors faire preuve de beaucoup d’ingéniosité et nous fier à notre expérience.
Quels sont les autres intervenants impliqués dans vos projets ?
Je collabore avec d’autres ingénieurs ̶ électriques, physiques et informatiques ̶ avec des gestionnaires de projets qui font le pont entre notre compagnie et les clients, avec des constructeurs pour obtenir les renseignements sur les avions à simuler, avec les pilotes et ingénieurs que les clients envoient pour tester notre travail, ainsi qu’avec les autorités de Transport Canada, qui certifient nos simulateurs. Nos projets impliquent beaucoup de monde !
En plus d’aimer le travail d’équipe, quelles qualités sont requises pour exercer votre métier ?
Il faut aussi faire preuve d’autonomie, être rigoureux dans son travail, débrouillard, savoir communiquer clairement ses idées, et être capable de bien gérer ses priorités pour mener de front plusieurs projets simultanément.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir ingénieur en mécanique ?
J’ai toujours trouvé intéressant de comprendre comment fonctionnent les machines, et mes matières préférées à l’école étaient celles qu’on utilise principalement en génie, soit la physique et les mathématiques !
Qu’est-ce qui rend votre métier intéressant ?
Avec le temps, j’apprends beaucoup de chose sur l’aéronautique. J’ai aussi la chance d’essayer le produit final, qui est en quelque sorte un jeu électronique hyper sophistiqué ! Mais avant d’en arriver là, plusieurs tests ont été faits, sur plusieurs mois… On pourrait donc ajouter la patience à la liste des qualités énumérées plus haut !
9 h. Comme à son habitude, Michel prend connaissance de ses courriels. Tiens, une convocation à une réunion, plus tard dans la semaine, concernant la revue de design d’un nouveau simulateur pour le Global 7000, un nouveau jet d’affaires de Bombardier.
Un autre message lui vient de l’équipe qui vérifie un simulateur sur le point d’être livré à un client. On lui demande une précision sur le fonctionnement du moteur au démarrage, question à laquelle il répond immédiatement. Puis ça se complique un peu…
Un courriel est arrivé des Émirats Arabes Unis, où une autre équipe de CAE a été dépêchée pour procéder à l’installation d’un simulateur d’un Airbus A320. Le client n’est pas satisfait de la réaction du moteur dans le cas d’un impact avec un oiseau en plein vol (oui, oui, il arrive que des oiseaux foncent dans les moteurs d’avion !). Considérant le décalage horaire, il faut réagir sans tarder !
Michel replonge dans le programme, réussit à trouver le bobo et fait la correction nécessaire, teste le tout dans un laboratoire, et met en ligne une nouvelle version du logiciel que l’équipe sur le terrain récupérera par Internet.
Il se rend par la suite dans la salle de réunion, où il se joint à quelques collègues pour participer à une téléconférence avec la compagnie Pratt & Whitney, qui va leur fournir les données manquantes sur les changements qu’elle apportera à son modèle de turbosoufflante PW1500G, un nouveau moteur qui propulsera par exemple les nouveaux avions de la CSeries de Bombardier.
Après avoir cassé la croûte, près des fenêtres où il regarde les avions passer (un vrai mordu !), Michel s’installe sur un simulateur de Boeing -787. Il doit développer une nouvelle fonctionnalité qui permet à l’instructeur d’ajuster la sévérité des défaillances pour satisfaire au scénario d’entrainement des pilotes.
Ce faisant, il constate que le moteur continue à tourner même lorsque l’on ferme le disjoncteur, le dispositif qui stoppe le courant en cas de pépin. Une erreur qu’il corrige tout de suite dans son programme, avant d’inscrire ce changement dans la procédure de tests qui sera remise au client.
Quand c’est fait, il utilise le temps qu’il lui reste pour entreprendre une nouvelle simulation sur un contrôleur électronique de la valve qui régira l’entrée d’essence dans le moteur d’un Bombardier CSeries.
Michel travaille sur les avions, mais il n’a pas le temps d’avoir la tête dans les nuages !
Michel Dubé a obtenu son diplôme de l’Université Laval en 2001, et travaille chez CAE depuis.
Au cégep :
DEC en sciences, lettres et arts (2 ans) ou DEC en sciences de la nature (2 ans)
(il faut avoir réussi certains cours de mathématiques, physique, chimie et biologie)
ou
un DEC en technique de génie mécanique ou en technique de construction aéronautique (3 ans), qui donne aussi accès au baccalauréat en génie mécanique
À l’université :
Plusieurs universités offrent le baccalauréat en génie mécanique.
• École de technologie supérieure (ÉTS)
• Polytechnique de Montréal
• Université Concordia
• Université Laval
• Université McGill
• Université de Sherbrooke
• Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)
• Université du Québec à Rimouski (UQAR)
• Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)
• Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)
Et après ?
Ce ne sont pas les possibilités qui manquent ! La grande diversité des fonctions et des tâches de l’ingénieur en mécanique, combinée aux sphères très variées de l’industrie qui font appels à ses services, lui ouvrent les portes d’employeurs comme : l’Agence spatiale canadienne, Bell, Bombardier, Hydro-Québec, IBM et, pourquoi pas, la NASA ! Le tout, c’est d’être motivé et d’aimer les sciences et la technologie !