Ponts, barrages, aéroports, routes, bâtiments, réseaux de distribution d’eau : derrière toutes ces réalisations, il y a un ingénieur civil.
En plus de diriger la construction, l’ingénieur civil entretient et répare, trouve des moyens de décontaminer des terrains, de se prémunir contre les tremblements de terre, d’aménager les fleuves et les rivières pour que les bateaux puissent y circuler, etc.
Au cours de son travail, il choisit les bons matériaux, calcule si les bâtiments tiennent, dessine des plans. Mais l’ingénieur civil ne travaille pas seulement dans son bureau : il visite aussi les chantiers pour surveiller et diriger les travaux. Dans tous ses projets, il se préoccupe de la sécurité des gens et de l’environnement.
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Raymond Bleau est ingénieur civil pour la compagnie SNC-Lavalin. Sa spécialité, c’est la structure. M. Bleau est passé maître dans l’art de faire tenir les bâtiments debout. « Il ne faut pas que ça branle, il ne faut pas que ça tombe, il ne faut surtout pas qu’il pleuve à l’intérieur ! »
En vingt ans de métier, Raymond Bleau a réalisé plusieurs constructions : le stade du Parc Jarry à Montréal, des écoles, des salles de concert, même le cinéma IMAX du Centre des sciences de Montréal. Il s’attaque maintenant au plus gros projet de sa carrière : agrandir l’aéroport Pierre Elliott Trudeau.
Qu’est-ce qui vous a attiré vers le génie civil ?
À l’école, j’avais de la facilité en physique et en mathématiques. J’ai pensé me diriger vers les mathématiques, mais j’avais une autre passion : fabriquer des meubles. Le génie civil me semblait la meilleure façon de concilier ces deux intérêts : faire des calculs, oui, mais dans le but de construire des choses.
Qu’est-ce que vous aimez le plus de votre métier ?
La diversité ! Chaque projet amène de nouvelles questions et de nouveaux défis. Il faut sans cesse se creuser la tête, discuter avec tous les gens qui travaillent sur le projet (architectes, électriciens, techniciens) pour trouver des solutions.
Qu’est-ce que vous aimez le moins ?
Constater qu’il y a un problème et ne pas savoir d’où il vient. De l’eau qui s’infiltre dans un bâtiment, par exemple, ça peut m’empêcher de dormir ! Qui a fait l’erreur ? Est-ce moi ? C’est parfois inquiétant, mais tout finit toujours par rentrer dans l’ordre.
Au cours de toutes ces années de travail, avez-vous vécu des choses inusitées ?
Oh oui ! En 1997, on m’a demandé de concevoir une passe migratoire pour les poissons. Sur la rivière Richelieu, un barrage empêchait les poissons de nager vers leur habitat naturel. Il fallait trouver un moyen de leur faire franchir l’obstacle. Je ne connaissais absolument rien là-dedans !
Pour faire le design, j’ai discuté avec des spécialistes qui essayaient de deviner les préférences des poissons. Jamais je n’aurais cru que le génie civil me conduirait vers la psychologie pour poisson !
Nous avons finalement bâti un genre de rampe pour handicapés comportant une vingtaine de paliers. J’étais sceptique. La porte d’entrée faisait à peine un mètre : comment les poissons allaient-ils la trouver ? Erreur ! À l’ouverture de la passe migratoire, les poissons attendaient en ligne pour franchir le barrage ! Ce fut un grand succès.
Quelles sont les qualités nécessaires à ce métier ?
Il faut avoir un bon esprit théorique et un bon esprit pratique. L’ingénieur civil est curieux, se pose des questions et veut y répondre. Le métier demande aussi beaucoup d’imagination. Il y a plusieurs façons d’arranger des poutres pour faire tenir un toit : il faut être créatif pour penser à la meilleure solution !
M. Bleau est le chef d’orchestre d’une équipe de 12 personnes qui travaillent à l’agrandissement de l’aéroport Pierre-Elliott Trudeau. Aujourd’hui, à son arrivée au bureau, un ingénieur lui demande conseil. Il ne sait pas comment disposer un ensemble de poutres qui soutiendront un toit…
Autour d’un papier et d’un crayon, M. Bleau et son collègue essaient plusieurs configurations. Ils discutent, calculent, puis s’entendent sur une solution. Raymond Bleau téléphone ensuite à l’architecte pour savoir s’il accepte le concept retenu. Puis, il explique à un technicien comment les poutres seront disposées.
Pendant que le technicien dessine les poutres sur ordinateur, M. Bleau s’empare de sa calculatrice pour évaluer où en sont les coûts du projet. Il lui faudra commander des matériaux, discuter avec des électriciens, des plombiers, des avocats.
La petite équipe dirigée par M. Bleau interagit avec plusieurs autres équipes. En tout, 150 personnes travaillent à agrandir l’aéroport.
Raymond Bleau a fait son baccalauréat et une maîtrise en génie civil sur les charpentes de bois à l’Université de Sherbrooke.
Au cégep :
DEC en sciences de la nature (sciences pures et appliquées ou sciences de la santé et de la vie) (2 ans)
À l’Université :
Baccalauréat en génie civil (3 ou 4 ans)
Et après ?
L’ingénieur peut travailler pour des compagnies de construction, pour le gouvernement ou dans des firmes de génie-conseil. On le retrouve partout où il y a de la construction !