Hépatite C : une révolution inaccessible ?

Virus d’hépatite (CDC/Betty Partin)

C’est une révolution: près de 90% des personnes infectées par le virus de l’hépatite C pourraient être guéries par l’arrivée massive, dans les mois qui viennent, de nouvelles molécules. Un exploit encore inimaginable il y a quelques années. Et un espoir formidable pour les 185 millions de personnes touchées par cette infection, qui se transmet principalement par le sang.

Un nouveau médicament, le sofosbuvir (un inhibiteur de polymérase d’analogue nucléotidique), vient en effet de faire son entrée sur le marché (depuis décembre 2013 au Canada). Ses atouts? Une efficacité proche de 90% en seulement 12 semaines, avec peu d’effets indésirables. D’autres molécules similaires (daclatasvir, ledipasvir, simeprevir, faldaprévir…) devraient être autorisées dans le courant de l’année, et plus d’une quinzaine arrivent à la phase finale de leur développement.

« Ces traitements permettent de guérir, en 12 semaines,  des personnes porteuses  d’une hépatite C chronique » a expliqué Isabelle Andrieux Meyer, médecin et conseillère pour les hépatites virales à Médecin sans frontières (MSF), lors de la conférence de l’Alliance francophone des acteurs de santé contre le VIH/Sida (AFRAVIH).

Il y a de quoi se réjouir: le traitement contre l’hépatite C a longtemps été limité à une combinaison de médicaments (interféron et ribavirine) moyennement efficace (50 % à 70 % de succès thérapeutique en 24 semaines) et lourde d’effets secondaires.

Mais voilà : ces nouveaux traitements sont extrêmement chers, coûtant pour 12 semaines 84 000 dollars aux Etats-Unis et 56 000 euros en Europe, pour un coût de production estimé à seulement 68 à 136 dollars US!

Or, selon l’OMS,  95 % des personnes infectées par le VHC vivent dans des pays à ressources limitées. Le pays le plus touché au monde est l’Egypte, avec une prévalence de 15% chez les adultes, soit 6 millions de personnes infectées !

« Nous souhaitons que ces traitements deviennent accessibles aux pays en voie de développement, a indiqué Isabelle Andrieux Meyer. Il y a déjà un programme d’accès compassionnel du laboratoire fabricant, Gilead, qui doit autoriser l’Inde à fournir des génériques du sofosbuvir à 60 pays à faible revenu. Le traitement complet devrait coûter environ 1200 dollars ». Mais on est encore loin de l’accès universel : la Chine, notamment, dont 3% de la population est infectée, ne fait pas partie du programme Gilead.

En Egypte, un accord a été trouvé entre le producteur du sofosbuvir et le gouvernement  pour le mettre à la disposition des patients au prix de 900 dollars pour 12 semaines. « C’est toujours trop élevé pour les patients », déplore Arnaud Fontanet, médecin épistémologiste, coordonnateur Nord du site de recherche de l’Agence nationale de recherches sur le Sida et les hépatites virales (ANRS) en Egypte.

Plusieurs associations se sont inquiétées de la situation dans un communiqué commun, parmi lesquelles Médecins du monde et Médecins sans frontières.

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