Tu as sûrement déjà entendu parler d’organismes génétiquement modifiés (OGM), de clonage et de fécondation in vitro. Derrière toutes ces applications – et bien d’autres encore – il y a un généticien à l’œuvre !
Tous les organismes vivants ont des gènes, que ce soit les êtres humains, les animaux, les plantes ou les bactéries ; et ces gènes sont l’objet d’étude de la génétique.
La génétique est donc utilisée dans une foule de domaines, de la biologie à la botanique, en passant par la médecine et l’océanographie. Elle est même grandement utile en criminologie, car les « empreintes » génétiques permettent de démasquer les auteurs de crimes.
Dans leurs laboratoires, les généticiens analysent les gènes pour mieux comprendre leur fonctionnement et leurs interactions les uns avec les autres. Certains de ces scientifiques modifient les gènes d’animaux ou de plantes pour les rendre plus résistants aux maladies ; d’autres comparent les gènes des gens malades avec ceux des gens en bonne santé pour tenter d’identifier les causes des maladies ; d’autres encore tentent de mieux comprendre les lois de l’hérédité.
La matière première sur laquelle les généticiens effectuent leurs recherches est l’ADN. Cette très longue molécule est constituée de quatre éléments de base, nommés A, T, C et G, qui se répètent dans un ordre très précis. Le bagage génétique de l’être humain se compose de 3 milliards de ces « lettres » d’ADN.
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Ken Dewar travaille au Centre d’innovation de Génome Québec et à l’Université McGill depuis juillet 2002, à titre de professeur-chercheur. Il se spécialise dans une des sous-catégories de la génétique, la génomique.
Qu’est-ce que la génomique ?
La génomique est la science qui étudie la structure et le fonctionnement des génomes, et en particulier des gènes dont ils sont composés, afin de déterminer comment ils sont organisés et utilisés par les organismes vivants. C’est un des fondements des recherches en génétique, car la génomique permet de recueillir des données de base que les autres chercheurs pourront par la suite comparer et analyser.
Quel est l’objet de vos actuelles recherches ?
Notre équipe rassemble les technologies de la biologie moderne et l’informatique pour développer de nouvelles façons d’étudier l’organisation et le fonctionnement des génomes. Plus particulièrement, nous nous concentrons sur le suivi de bactéries qui pouvant contaminer l’eau et la nourriture.
Lorsqu’un nouveau pathogène apparait, l’une de nos missions est de séquencer rapidement son génome afin de mieux le connaitre.
Les outils sont de plus en plus performants pour ce faire. Quand j’ai commencé à l’Université McGill en 2002, on pouvait obtenir un génome bactérien en 7 mois à un coût de plus de 400 000 $. En 2010, on obtenait le même génome en 2 semaines pour un coût de 20 000 $. Aujourd’hui, les nouveaux systèmes de séquençage de l’ADN nous permettent de le faire en moins d’une journée et pour moins de 1 000 $ !
Quelles sont les qualités requises pour exercer votre métier ?
Il faut aimer la science, être très curieux et posséder un esprit critique, avoir un bon sens de l’observation, être précis, discipliné et aimer le travail d’équipe, car nos recherches nécessitent l’apport de plusieurs chercheurs provenant de différentes disciplines.
Qu’est-ce qui vous motive le plus dans votre travail ?
C’est découvrir de nouvelles informations qui n’existaient pas auparavant ! C’est valorisant de penser que les séquençages de génomes que nous réalisons aujourd’hui seront valables pour toujours.
Croyez-vous qu’un jour, on pourra guérir toutes les maladies grâce aux recherches en génétique ?
Non. Les maladies sont causées par l’interaction complexe entre notre génétique et l’environnement dans lequel nous vivons. Les connaissances en génétique peuvent nous aider à éviter ou à guérir certaines maladies, comme les leucémies, dont on peut identifier les différents types, ou le syndrome de Down que l’on peut détecter chez les embryons humains.
Mais pour être en santé, il est également très important de réduire la pollution, d’avoir un régime alimentaire approprié et d’adopter un mode de vie plus actif et sans fumée !
Selon vous, pourrait-on voir un jour l’apparition de « super humains » grâce aux manipulations génétiques ?
Dans notre partie du monde, nous sommes déjà des « super humains » ! Nous vivons plus vieux et en meilleure santé qu’à n’importe quelle autre époque. Nous avons tout de même encore beaucoup de chemin à parcourir, particulièrement dans d’autres parties du monde moins développées, afin que les individus qui y vivent aient accès aux mêmes avantages que nous.
Par contre, il est vrai que certaines personnes pourraient décider d’utiliser ces connaissances en génétique à mauvais escient. Il ne faudrait pas s’en servir pour faire de la discrimination envers les gens en se basant sur le risque que ces personnes ont de développer, un jour, une maladie, à cause d’un gène défectueux. Il faut donc un grand sens de l’éthique pour exercer notre métier !
Quelle est la réalisation professionnelle dont vous êtes le plus fier ?
Il y a quelques années, j’ai participé activement au projet du séquençage du génome humain, et mon nom est placé assez haut sur la liste des centaines de chercheurs impliqués dans cette aventure. Je suis donc très fier d’avoir joué un rôle important dans ce que je considère être la plus grande découverte des dernières années dans le domaine scientifique.
Ken est avant tout un chercheur au Centre d’innovation de Génome Québec et à l’Université McGill. Il enseigne aussi une ou deux fois par semaine à un groupe d’étudiants de l’Université McGill.
Ken arrive à son laboratoire vers 8 h. Après avoir attrapé un café au passage, il allume son ordinateur et lit ses courriels. Il peut ainsi voir les résultats des expériences de la veille. Il répondra également à ses collègues de partout dans le monde qu’il a la chance de visiter régulièrement. La vie de scientifique est un bon moyen de voyager !
Par la suite, il s’assoit avec son équipe de travail, fait le point sur les projets en cours et discuter des résultats obtenus. Ces réunions quotidiennes sont aussi l’occasion de faire de la planification pour les semaines à venir.
En milieu de matinée, Ken troque momentanément son chapeau de chercheur pour celui de professeur et rencontre un de ses étudiants de maîtrise ou de doctorat afin de le guider dans ses recherches.
Après le lunch, s’il n’a pas d’autres réunions inscrites à son horaire, Ken poursuit la rédaction d’articles sur ses recherches, qu’il soumettra ensuite à des revues scientifiques pour qu’ils soient publiés, ou bien il travaille sur la conférence qu’il présentera lors d’un prochain séminaire.
Ken quitte le laboratoire autour de 17 h 30, en se disant que la journée est, encore une fois, passée trop vite !
Le parcours atypique de Ken Dewar illustre bien que plusieurs chemins mènent à un emploi de généticien. Après avoir fait un baccalauréat à l’Université de Toronto et une maîtrise à l’Université Laval en foresterie, il est parti faire un post-doctorat, en génomique végétale à l’Université de Pennsylvanie à Philadelphie. Il a ensuite travaillé pour le Whitehead Institute de Boston à titre de chercheur. C’est là qu’il a participé aux recherches pour la première publication du séquençage complet du génome humain. Il est devenu professeur-chercheur au Centre d’innovation de Génome Québec et l’Université McGill en juillet 2002.
Au cégep :
DEC en sciences de la nature (sciences pures et appliquées ou sciences de la santé) (2 ans)
À l’université :
Plusieurs formations universitaires de premier cycle (baccalauréat) et deuxième cycle (maitrise) permettent d’exercer un métier en rapport avec la génétique.
La plupart des universités offrent des programmes (biologie, biochimie, bio-informatique, écologie, toxicologie, biotechnologie, etc.) dans lesquels on peut se spécialiser et faire de la génétique.
Les liens suivants te permettront de trouver plus d’informations sur les endroits où sont offerts de tels programmes de premier cycle (baccalauréat) au Québec :
• Université Bishop’ s
• Université Concordia
• Université Laval
• Université McGill
• Université de Montréal
• Université de Sherbrooke
• Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)
• Université du Québec à Montréal (UQAM)
• Université du Québec à Rimouski (UQAR)
• Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)
Pour obtenir plus de responsabilités, le généticien devra aussi compléter une maîtrise ou un doctorat.
Et après ?
Selon la spécialisation choisie, le généticien peut exercer diverses professions comme bactériologiste, biologiste, entomologiste, microbiologiste, océanographe, virologiste, etc. Il travaillera dans des centres d’interprétation de la nature, des centres de recherche, pour des établissements d’enseignement universitaire, des firmes d’expert-conseil, le gouvernement, l’industrie pharmaceutique, des jardins botaniques ou des laboratoires.