Du bruit, de la poussière, mal dans le dos ? L’ergonome se penche sur les problèmes des travailleurs et cherche à rendre leur environnement de travail plus agréable. Cela passe parfois par un changement de mobilier ou par des modifications aux façons de travailler. Peu importe la difficulté, l’ergonome a une solution à proposer.
Ce spécialiste s’intéresse aussi bien au mal de dos du chauffeur de bus, qu’au casque de sécurité porté par le charpentier. En trouvant des solutions adaptées à chacun, il permet aux travailleurs d’être plus efficaces, et surtout, d’éviter les accidents. Et en prime, il contribue à rendre ces employés plus heureux au boulot !
L’ergonome possède des connaissances en physiologie, en ingénierie et en médecine du travail. Grâce à cette formation multidisciplinaire, il connaît les muscles les plus sollicités au travail, les gestes sécuritaires et la démarche pour mener une enquête efficace dans une entreprise.
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Josée-Marie Couture a fondé la firme Couture et associés Ergonomes Inc. en 2000, à Québec. C’est son passage au Conservatoire de musique, alors qu’elle était adolescente, qui a dicté son choix de carrière. Elle jouait du cor français et la pratique de cet instrument lui a tellement donné mal à l’épaule qu’elle a décidé de faire un métier qui améliorerait le confort des travailleurs.
Aujourd’hui, des entreprises font appel à ses services. Elle se rend alors sur les lieux pour rencontrer les employés, un aspect de sa profession qu’elle adore, car elle y découvre des dizaines de métiers différents et rencontre de nouvelles personnes à chaque mission.
Quelles sont les qualités nécessaires pour être un bon ergonome ?
Les qualités d’écoute sont indispensables. Pour trouver la source des problèmes, les travailleurs doivent se confier à nous. Notre rôle consiste donc à établir un lien de confiance avec eux. Il faut aussi faire preuve d’empathie et avoir une grande ouverture d’esprit. Quand on se met dans la peau du travailleur, on comprend mieux sa douleur et on trouve des solutions, pas forcément originales mais toujours adaptées à chaque personne. Un bon ergonome prend toujours en compte les enjeux liés à la productivité. Une bonne solution visera donc aussi à optimiser la productivité.
Que préférez-vous dans votre métier ?
Mon but est d’améliorer le bien-être des travailleurs. Je fais en sorte que les gens soient heureux d’aller travailler, que leur travail leur apporte de la satisfaction et non de la douleur. Quand on est malheureux au travail, on est souvent malheureux dans d’autres aspects de notre vie.
Est-ce que les entreprises s’opposent parfois à vos solutions ?
C’est assez rare. Si la solution n’est pas appliquée, les travailleurs risquent de se blesser et l’entreprise veut éviter cela. Elle souhaite aussi conserver la main-d’œuvre qualifiée. Je travaille en collaboration étroite avec les décideurs et les solutions sont élaborées en équipe. Et avec l’expérience, j’apprends à mieux justifier l’importance de mes recommandations et surtout à les implanter étape par étape dans l’entreprise.
Quelles sont les principales difficultés de votre travail ?
Le plus difficile en ergonomie, ce n’est pas de trouver des solutions aux problèmes de sécurité ou de confort, mais de s’assurer que tous les travailleurs vont appliquer ces solutions. Par exemple, j’ai enseigné à des manutentionnaires à tenir les charges lourdes contre leur abdomen plutôt qu’à bout de bras. L’un d’eux ne voulait pas adopter cette façon de faire, qui demande pourtant moins d’effort. Après investigation, j’ai compris qu’il ne voulait pas appuyer la boîte sur lui parce qu’il ne voulait pas se salir. La recommandation a alors été de fournir des tabliers légers qui couvrent l’abdomen !
Ce matin, Josée-Marie se rend chez un client de la région de Québec. Il y a quelques jours, le directeur de cette entreprise lui a téléphoné, un peu désemparé.
Depuis quelques semaines, l’ambiance s’est détériorée dans son secrétariat ; même Marie-Ève, la secrétaire en chef, toujours de bonne humeur d’habitude, a perdu le sourire. Elle soupire et se plaint d’inconfort, pendant que les dossiers s’empilent sur son bureau. Le directeur compte sur Josée-Marie pour déterminer si le problème provient de son environnement de travail ou d’autre chose.
En arrivant sur place, Josée-Marie se dirige vers le secrétariat. Elle inspecte d’abord le matériel et l’environnement de travail : l’éclairage, le bruit, les chaises, les ordinateurs et les tables. Rien de suspect à première vue.
Josée-Marie passe à la phase 2 : interroger les « témoins » et les « victimes ». Elle dispose d’un formulaire de plusieurs questions, pour explorer toutes les possibilités. Elle recueille ainsi de précieux renseignements, qui l’aideront à trouver la source de cette mauvaise ambiance de travail.
À la pause, Josée-Marie fait le point. Une chose l’intrigue. D’après les témoignages, les secrétaires se plaignent surtout de maux de dos depuis 3 semaines. Or, cela correspond à l’arrivée des nouvelles chaises de bureau… Avant, il n’y avait jamais eu de problème dans leur service.
Josée-Marie revient au secrétariat pour vérifier son hypothèse. Effectivement, à y regarder de plus près, les chaises sont trop rigides. Pour qu’une chaise soit confortable, elle doit épouser la courbe de la colonne vertébrale. C’est d’autant plus important si l’on y reste assis toute la journée. La coupable semble toute désignée !
Josée-Marie se rend alors dans le bureau du directeur pour lui livrer les résultats de son enquête. Le directeur comprend que la seule solution est de racheter de nouvelles chaises, ergonomiques cette fois-ci.
Josée-Marie retourne à son bureau à la recherche de différents modèles de chaises ergonomiques. Elle rédige ensuite un rapport qui guidera le directeur dans son choix, en comparant le prix et la qualité des modèles disponibles dans la région.
Josée-Marie termine sa journée avec le sentiment du devoir accompli. Les secrétaires retrouveront bientôt leur bonne humeur !
Josée-Marie Couture est ergothérapeute de formation. Elle a aussi obtenu un DESS et une maîtrise en ergonomie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
À l’université :
Maîtrise ou Diplôme d’études supérieures spécialisées en ergonomie. Les formations sont offertes à Montréal (UQAM, Université de Montréal, École Polytechnique) et à l’École d’ingénierie de Trois-Rivière.
ou
Études de deuxième cycle en Mesure et évaluation en ergonomie à l’UQAM
Beaucoup d’ergonomes ont d’abord obtenu des diplômes en psychologie, ingénierie, médecine, informatique, physiothérapie ou encore ergothérapie. Mais une formation complémentaire et spécifique en ergonomie est nécessaire.
Et après ?
L’ergonome peut travailler comme employé d’une entreprise ou dans un cabinet d’ergonomes. Les consultants de ce cabinet sont envoyés dans différentes entreprises pour des missions ponctuelles.
Les missions peuvent toucher des domaines très variés comme des accidents de travail, l’amélioration de logiciels, de bureaux, de véhicules de transport ou encore l’analyse de risques.