Perchée en haut d’une brindille, une fourmi attend patiemment qu’un mouton vienne l’avaler par mégarde en broutant son repas. À première vue, cette fourmi pourrait nous sembler « suicidaire », mais l’explication est tout autre. Un ver parasite, la douve du foie, a pris les commandes et oblige l’insecte à adopter cette conduite aberrante. Certains parasites déploient des ruses étonnantes pour survivre et pouvoir se reproduire.
De sa naissance à sa mort, la douve du foie réalise un long périple. Sa vie commence dans le foie d’un mouton. Sous forme d’œuf, elle quitte le corps de l’ovin par ses excréments. Une fois à l’air libre, l’œuf laisse sortir une minuscule larve qui, attirée par les substances chimiques présentes dans le mucus des escargots, part à l’assaut de son premier hôte. Dans le corps du gastéropode, toutes les conditions sont réunies pour que la larve se multiplie de façon asexuée. Mais pour achever son développement, elle doit revenir là où tout a commencé : le foie d’un mouton. Pas de chance, celui-ci est herbivore et l’escargot est loin d’être son repas favori ! Les larves se placent alors dans le système respiratoire du mollusque et sont éjectées dans le mucus dont se nourrissent les fourmis. Il ne reste plus qu’à commander la fourmi de sorte qu’elle se fasse manger par un mouton dans lequel la douve pourra finir son cycle. Et la boucle est bouclée !
La douve du foie n’est pas la seule à développer une stratégie élaborée. Certaines larves de vers parasites se développent dans les grillons. Une fois adultes, ils doivent obligatoirement rejoindre un ruisseau ou une rivière pour se reproduire. Ils manipulent alors le grillon pour qu’il se jette à l’eau… alors qu’il ne sait même pas nager !
L’Homme est parfois une halte pour certains parasites. C’est le cas pour Toxoplasma gondii. Ce parasite est responsable de la toxoplasmose chez l’homme, une maladie commune sans gravité chez les personnes ayant un système immunitaire en santé. Le plus souvent, ce sont les chats qui nous transmettent le parasite. L’intestin du félin étant une halte obligatoire pour la reproduction du parasite. Autrement, il peut faire escale dans de nombreux animaux à sang chaud comme les oiseaux ou les mammifères dont nous faisons partie.
Les souris semblent toutefois être des hôtes plus avantageux puisqu’une fois infectées par le parasite, elles ne sont plus apeurées par l’odeur d’urine des matous et sont même attirées. Le rongeur a ainsi plus de chance de se faire manger et le parasite, de rejoindre son but ultime : l’intestin du chat. Mais si le parasite peut manipuler les souris, pourquoi pas nous ? Des études auraient montré qu’une fois parasités, nous apprécierions davantage l’odeur d’urine de chat. Mais pas de quoi se jeter dans les griffes du félin !