Souriez, vous êtes filmés ! À l’aéroport de New York, tandis que les passagers répondent aux questions posées par un avatar sur une borne vidéo, une caméra filme et analyse leurs traits faciaux. Le but : détecter le moindre signe suspect. Ce n’est pas la première fois que les micro-expressions du visage sont étudiées pour dévoiler nos pensées les plus profondes.
Nul besoin d’être un grand acteur pour jouer la comédie. Tristesse, joie, colère, nous sommes tous en mesure de mimer ces émotions. Pourtant un faux sourire diffère vraiment d’un vrai et ce sont nos micro-expressions qui font toute la différence. Involontaires et ultrarapides, de l’ordre de 1/3 à 1/25 de seconde, ces expressions faciales sont associées à des émotions particulières.
Dès 1874, le naturaliste anglais Charles Darwin défend l’idée que les humains présentent six émotions fondamentales indépendantes de la culture ou de la langue : la joie, la surprise, la peur, le dégoût, la colère et la tristesse. Bien que cette universalité des expressions soit quelques fois remise en question, plus de 140 ans plus tard, la grande majorité des scientifiques corrobore cette hypothèse.
Le psychologue américain, Paul Ekman fut l’un des premiers à s’intéresser aux micro-expressions de nos visages. En 1978, il crée le « Facial Coding System », une sorte d’inventaire des mouvements musculaires faciaux. Les mouvements sont décomposés en « unité d’action » et associés à la contraction ou la décontraction d’un muscle. Ainsi l’UA n° 5 correspond à l’« Ouverture entre la paupière supérieure et les sourcils » par le muscle orbiculaire de l’œil. Pour le spécialiste, une émotion est caractérisée par une combinaison de plusieurs unités d’action.
Hormis à l’aéroport de New York, la détection des micro-expressions, couplées à un oculomètre (enregistreur du mouvement des yeux) et à un microphone, a été testée dans les aéroports internationaux de Nogales en Arizona et de Pologne. D’ailleurs, le programme SPOT aux États-Unis vise à former les agents de sécurité des aéroports à détecter des comportements louches dans le but de réaliser des contrôles plus poussés.
Dans le milieu médical, les émotions ont aussi leur utilité. Des études ont montré que les personnes atteintes de la maladie de Parkinson ont des difficultés à reconnaitre et à discriminer les expressions faciales. De plus, l’absence d’expressions faciales émotionnelles sur le visage du patient est un symptôme de la maladie.
Deviner si ta meilleure amie te ment ou si tes parents sont secrètement fâchés contre toi ? Cela ne relève pas de l’impossible. Une société américaine Emotient a présenté l’an dernier un prototype de lunettes interactives Google Glass intégrant un système capable de détecter automatiquement les micro-expressions de ces interlocuteurs. Même une série télévisée les met en vedette ! Crimes et mensonges (Lie To Me) met en scène un psychologue dont la spécialité est de détecter les mensonges en « lisant » les visages des suspects pendant les interrogatoires.