Mai 2016. Un petit garçon nait dans une clinique mexicaine. Le bonheur remplit le cœur de son père, de sa mère et… de son autre mère ! Car ce bébé est le premier à avoir trois parents biologiques, c’est-à-dire que ses cellules contiennent de l’ADN provenant de trois personnes différentes !
Comment est-ce possible ? Il faut d’abord savoir que tes cellules contiennent deux types d’ADN. Il y a l’ADN contenu dans le noyau de chacune de tes cellules, qui renferme la grande majorité des gènes qui te composent, soit presque 25 000. Cet ADN provient de tes deux parents, dont les noyaux des gamètes ont fusionné lors de ta conception. Mais il y a également un tout petit peu d’ADN contenu dans tes mitochondries. Les mitochondries sont de petites structures dans la cellules qui servent à lui fournir de l’énergie utilisable à partir des aliments que tu manges. Et ces mitochondries sont spéciales : elles possèdent leurs propres gènes, au nombre de 37 seulement. Lors de la fécondation, les mitochondries du spermatozoïde sont perdues et il ne reste que celles de l’ovule. Autrement dit, la transmission de l’ADN mitochondrial est exclusivement maternelle !
Revenons maintenant à ce bébé si spécial. Ses parents essaient de fonder une famille depuis presque 20 ans. Malheureusement, la mère est atteinte du Syndrome de Leigh, une maladie héréditaire rare, qui affecte gravement le système nerveux des nouveau-nés. Les gènes mutés, responsables de ce syndrome, sont justement localisés dans l’ADN mitochondrial. Donc même si les gènes mitochondriaux ne représentent que 0.1% de la totalité des gènes hérités, le bébé avait 100% de risque de contracter la maladie quasiment fatale.
Pour contourner ce problème, des chercheurs ont décidé d’utiliser des mitochondries d’une autre provenance. La technique de fertilisation in vitro employée implique donc un troisième parent, une donneuse, et est barbarement appelée transfert nucléaire. Le noyau d’un ovule de la mère a été retiré pour être placé dans l’ovule d’une donneuse, vidé de son noyau, mais contenant des mitochondries saines. L’ovule résultant, ainsi débarrassé des gènes mutés, contenant l’ADN nucléaire de la mère et l’ADN mitochondrial de la donneuse, a ensuite été fertilisé avec le sperme du père. L’embryon finalement obtenu a été implanté dans l’utérus de la mère, et la grossesse a pu commencer!
L’exploit technique, controversé, a soulevé de nombreuses questions d’ordre éthique. Certaines personnes le voient comme une révolution scientifique, alors que d’autres le considèrent comme relevant du transhumanisme.
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