La plupart des médicaments ne sont ni conçus pour les enfants ni testés sur eux. La conséquence? De mauvais dosages et des effets secondaires graves.
Chaque année, au CHU Sainte-Justine, à Montréal, une cinquantaine d’enfants manifestent une réaction indésirable à un médicament. Certains doivent même être conduits aux soins intensifs.
Les pharmaciens de l’hôpital se font un devoir de rapporter ces cas à Santé Canada, mais tous les établissements ne sont pas aussi zélés. Il faut savoir que, au pays, une fois qu’un médicament est commercialisé, la surveillance des effets secondaires repose principalement sur un système de déclaration volontaire. «Ce système ne fonctionne pas», dit le pharmacien Denis Lebel, adjoint aux soins, à l’enseignement et à la recherche au département de pharmacie du CHU Sainte-Justine.
«Certains médicaments peuvent causer des réactions très sérieuses, par exemple un syndrome de Stevens-Johnson, dit Denis Lebel. Cela ressemble à des brûlures.» Entre 1995 et 2000, 25 cas de ce syndrome ont été déclarés à Santé Canada. Or, en répertoriant tous les cas traités dans les hôpitaux canadiens durant la même période, la chercheuse Nicole Mittmann, du département de pharmacologie de l’université de Toronto, en a dénombré 674, dont le tiers ont nécessité une hospitalisation dans un centre pour grands brûlés. Conclusion: 95% des cas de ce syndrome très souvent déclenché par la prise d’un médicament n’auraient pas été déclarés. Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.
Si l’on se fie à ce cas, on peut penser que des milliers d’effets secondaires touchant les enfants sont passés sous silence. Les quelque 200 cas déclarés chaque année à Santé Canada ne seraient qu’une partie de la réalité.
Au département de pharmacie du CHU Sainte-Justine, on a compris qu’il fallait prendre les choses en main. On a donc instauré un programme de pharmacovigilance, l’un des plus avant-gardistes au pays.
Lire la suite dans le magazine Québec Science d’août-septembre 2010.