Ta musique préférée, les cris des oiseaux marins, la voix de tes amis, l’alarme d’incendie, ton réveille-matin… Tes oreilles, sans cesse sollicitées, sont un sens dont tu pourrais difficilement te passer. Malheureusement, chez certaines personnes, les oreilles ne fonctionnent pas bien. La surdité peut être partielle ou totale, elle peut être là depuis la naissance ou résulter de dommages à plus ou moins long terme.
Les audiologistes sont formés pour aider à corriger ces problèmes. Comme ils font des examens de l’ouïe et qu’ils proposent des solutions, ils sont un peu les optométristes des oreilles.
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Marc-Olivier a terminé ses études à l’Université de Montréal en 2012. Il s’est rapidement trouvé un emploi comme audiologiste à la clinique AudioSanté de Saguenay. Même s’il pratique à cette clinique, il se promène aussi dans la région pour prodiguer ses services dans quelques autres cliniques du réseau.
Pourquoi avoir choisi l’audiologie ?
Au cégep, j’aimais beaucoup la physique, mais j’aimais aussi beaucoup les relations d’aide, le travail avec les gens. J’ai pensé aller vers les sciences appliquées, comme l’ingénierie, mais j’estimais que les relations humaines me manqueraient. L’audiologie a comblé mon intérêt pour la physique (le son est une onde mécanique !) et mon envie d’aider les gens.
Quelles sont les qualités d’un bon audiologiste ?
Il faut être organisé, débrouillard, il faut aimer le public, aimer les écouter et être attentif à leur réalité. Il faut être capable de bien vulgariser, de bien expliquer.
Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ton métier ?
La relation d’aide avec les gens. Les décisions qu’on prend avec une personne pourront changer sa vie, augmenter sa qualité de vie. C’est gratifiant de venir en aide concrètement aux gens.
Qu’est-ce que tu aimes le moins ?
La rédaction de longs rapports professionnels, la tenue de dossier. Je préfère de beaucoup passer du temps avec les gens à tenter de régler leur problème de surdité. Écrire les rapports, c’est un mal nécessaire.
Peux-tu raconter une situation où tu as eu l’air fou ?
Lorsqu’on fait un examen de l’audition, on place dans les oreilles du patient des écouteurs particuliers qui peuvent être contrôlés indépendamment l’un de l’autre. Cela permet de mesurer les différences de sensibilité entre les deux oreilles. Avec une patiente, j’ai inversé les côtés gauche et droit. J’ai donc fait l’examen à l’envers. Ce n’est qu’à la fin, lorsque ma patiente me disait qu’elle entendait moins bien de la gauche et que mes résultats démontraient un problème à droite que j’ai réalisé mon erreur. Il a fallu recommencer l’examen ! J’avais l’air d’un novice…
Certaines personnes ont-elles peur lorsqu’elles entendent mieux pour la première fois ?
Oui ! Le cerveau s’est déshabitué à bien entendre, la qualité des connexions avec l’oreille a donc diminué. Notre cerveau peut avoir un choc !
Pourquoi reste-t-on assourdi lorsqu’on se tient à côté d’un gros haut-parleur lors d’un spectacle ? Est-ce réellement dangereux ?
Il se crée un débalancement dans notre oreille interne (la batterie de notre oreille) à cause de la force du son. C’est ce qui explique l’assourdissement. Et oui, ça peut créer des dommages permanents. Si on entend un sifflement à la sortie d’un concert ou après avoir enlevé ses écouteurs, c’est mauvais signe…
Comment décrirais-tu la santé auditive des jeunes d’aujourd’hui ?
Honnêtement, elle m’inquiète un peu, surtout à cause de l’habitude d’écouter de la musique avec des écouteurs enfoncés dans les oreilles. On se dirige dans quelques années vers une génération de malentendants. Les jeunes ne sont pas conscients que l’intensité sonore de leurs appareils dépasse souvent les seuils sécuritaires. Je leur conseille de respecter la règle du 60-60. Il faut régler l’appareil à 60 % de sa puissance et limiter les périodes d’écoute à 60 minutes. Les voisins ne devraient pas pouvoir entendre la musique, et lorsqu’on retire ses écouteurs et qu’on les tient à sa ceinture, on ne devrait pas l’entendre non plus.
Y a-t-il des formes d’oreilles bizarres ?
En général, la forme des oreilles est semblable pour tous (à part le fait que certaines personnes ont de grandes oreilles !). Mais il existe des syndromes où la personne n’a PAS d’oreilles. C’est bizarre. Cela se nomme l’anotie.
Quels sont les problèmes les plus bizarres que tu as rencontrés ?
J’ai déjà rencontré un client qui avait une mouche dans l’oreille ! Il consultait pour un sifflement. Et suite à une otoscopie (examen de l’oreille), je suis tombée sur une mouche morte, engluée dans la cire. Le client était très surpris… et un peu gêné (rires). J’ai aussi traité un petit garçon qui a eu, sans le savoir, une bille dans l’oreille pendant deux ans !
Quel cas t’a le plus marqué ?
J’ai évalué une petite fille d’un an avec une surdité permanente. Les parents s’en doutaient mais ce fut un choc pour eux de m’entendre le confirmer. C’était difficile émotivement pour tout le monde. Mais j’étais fier aussi, parce qu’avec les appareils auditifs, cette petite fille pourra développer son langage. Mon métier, c’est un mélange d’émotions.
Marc-Olivier débute sa journée vers 8 heures. Ce matin, sa première rencontre se fait avec une adolescente de 14 ans qui s’est fait poser un implant cochléaire, une espèce d’oreille bionique qui lui permet d’entendre malgré ses oreilles défectueuses. Il l’aide à ajuster l’appareil et à l’apprivoiser.
Ensuite, il rencontre un travailleur du domaine de la construction. Il n’a que 45 ans, mais il perçoit sans arrêt des bourdonnements dans ses oreilles. Ce sont des acouphènes, un problème qui survient lorsque les cellules nerveuses de l’oreille sont endommagées par une exposition prolongée à des bruits intenses. Normalement, les acouphènes ne surviennent que chez les personnes plus âgées.
Il rencontrera 8 à 9 patients dans sa journée qui prendra fin vers 17 heures.
Autre journée, autres missions : Marc-Olivier se déplace dans une autre clinique de la région. Il y passe une matinée en compagnie d’une collègue et se consacre à l’examen de plusieurs petits patients de 0 à 5 ans. En après-midi, il offre un atelier d’information sur l’acouphène à une quinzaine de personnes récemment diagnostiquées.
Au cégep :
DEC en sciences de la nature (sciences de la santé et de la vie) (2 ans)
À l’Université :
BAC en audiologie (3 ans)
Maîtrise en audiologie (2 ans)
Au Québec, l’Université de Montréal est la seule à offrir le baccalauréat et la maitrise en audiologie. Il est toutefois possible de faire la maîtrise en audiologie à l’Université d’Ottawa si on possède un baccalauréat en sciences de la santé, en linguistique ou en psychologie. Le cheminement est alors différent.
Et après ?
Les audiologistes travaillent surtout en milieu hospitalier. On en trouve aussi dans des centres de réadaptation et dans des cliniques privées, comme c’est le cas pour Marc-Olivier. Il y en a de plus en plus en milieu scolaire, dans des CLSC et dans des entreprises où ils prodiguent des conseils sur la santé et la sécurité des oreilles au travail.