Tout le monde a déjà fait ça : lever le nez par une belle nuit sans nuages pour contempler le ciel. Étoiles, planètes, astéroïdes ont toujours fasciné les grands comme les petits. L’astrophysicien consacre son temps à étudier ces objets célestes. Face à l’immensité de ce domaine d’étude, le scientifique doit se spécialiser : cosmologie, planétologie, physique stellaire… À l’aide d’instruments de mesures et d’observations superpuissants (télescope, spectrographe), il sonde l’univers pour établir ou tester des théories scientifiques.
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Victoria est astrophysicienne et professeure depuis 2000 à l’Université McGill de Montréal. La tête dans les étoiles mais les pieds bien sur Terre, elle est spécialisée dans les magnétars et est à l’origine de nombreuses découvertes sur les étoiles. Lauréate d’un Prix du Québec en 2009 (la plus haute distinction scientifique au Québec), elle jongle entre ses travaux, la rédaction d’articles et l’enseignement.
Pourquoi cette passion pour l’astrophysique et surtout pour les étoiles ?
Star Trek ! Cette série, que je regardais avec mon grand frère, a allumé mon intérêt pour l’exploration des étoiles. J’aimais aussi beaucoup les mathématiques, la physique et les ordinateurs. Je voulais être astronaute, mais je n’ai pas pu car ma vision était mauvaise. L’astrophysique m’a permis d’étudier les étoiles tout en gardant les pieds bien sur Terre.
Quelles sont les qualités d’une bonne astrophysicienne ?
Il faut aimer la physique, les mathématiques et exceller dans ces domaines. Il faut être capable de s’exprimer clairement devant un auditoire. Il faut être confiant et optimiste.
Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ton métier ?
Avoir un problème très difficile à résoudre et de soudainement trouver la solution, grâce aux nouveaux résultats et à de meilleures données. Cela n’arrive pas tous les jours !
Et qu’aimes-tu le moins ?
La politique a une grande influence dans mon métier et il y a beaucoup de compétition. J’ai quelquefois de très bonnes idées, mais je n’ai pas le temps nécessaire et l’argent du gouvernement pour les réaliser.
Est-ce que les étoiles que tu étudies sont celles que l’on voit le soir dans le ciel ?
Non, les magnétars ne sont pas visibles à l’œil nu car ils ne sont pas assez lumineux. Ils sont dotés d’un magnétisme hyper-puissant et on peut les détecter par les radiations électromagnétiques de haute énergie qu’ils émettent. Ils sont aussi très petits, environ 20 kilomètres de diamètre, soit la taille d’une petite ville. Certains sont toutefois faciles à étudier avec un radiotélescope.
Quel est le télescope le plus impressionnant que tu aies utilisé ?
Celui qu’on peut voir dans le film GoldenEye de James Bond ! C’est le radiotélescope d’Arecibo à Puerto Rico, une immense antenne parabolique de 300 mètres de diamètre installée dans une dépression au sommet d’une montagne.
Quelle est l’étoile la plus incroyable que tu aies découverte ? Pourquoi ?
C’était un magnétar avec un champ magnétique extrêmement intense qui a provoqué une explosion qui a eu des effets très violents sur notre atmosphère. C’est très difficile de comprendre comment une étoile si petite et si éloignée peut avoir autant de répercussions.
Une aventure inoubliable dans ta carrière ?
Un jour, la NASA m’a téléphoné car l’alarme d’un des satellites qui surveillaient les magnétars que j’étudie s’est déclenchée. Un magnétar avait explosé. C’est la première fois que je faisais une découverte par téléphone !
Donnez-vous des noms aux étoiles pour les identifier ?
Oui, nous donnons des noms numériques qui sont basés sur les coordonnées du ciel.
Est-il vrai que certaines étoiles que l’on voit briller à l’œil nu sont déjà éteintes ?
La lumière a une vitesse très grande, mais pas infinie. La lumière qu’émet une étoile prend du temps pour arriver jusqu’à nos yeux et d’autant plus que l’étoile est éloignée. Lorsqu’une étoile s’éteint, la lumière qu’elle a émise continue de voyager et peut nous parvenir pendant très longtemps. Lorsqu’on regarde le ciel, c’est certain qu’on regarde quelques étoiles qui n’existent plus.
Penses-tu qu’il existe de la vie ailleurs que sur Terre ?
Oui, je pense que c’est possible, mais plutôt une vie bactérienne ou microscopique. La probabilité qu’une autre planète abrite une civilisation en même temps que la Terre et que celle-ci soit assez proche pour pouvoir communiquer avec nous est extrêmement faible.
Penses-tu qu’un jour on pourra vivre sur une autre planète que la Terre ?
Oui, peut-être un jour, mais je ne pense pas que cela soit possible dans les cent prochaines années.
Que penses-tu de l’astrologie ?
Je n’y crois pas du tout. Il n’y a aucune raison valable d’y croire. Il n’y a pas d’évidence que les planètes ou les étoiles aient un impact sur nos vies.
Victoria commence sa journée vers 9 heures. Aujourd’hui, l’astrophysicienne n’enseigne pas et se consacre davantage à ses recherches. Comme tous les matins, elle consulte les données envoyées par les télescopes dispersés à travers le monde, pour voir si ses magnétars ont fait quelque chose d’intéressant pendant son sommeil.
Elle consacre ensuite les quatre heures suivantes à ses étudiants. Ce matin, l’un d’eux a besoin de son aide. Il a écrit un programme informatique qui, utilisé avec des données obtenues par le télescope, donne des résultats étranges. La scientifique lui suggère alors de réaliser des tests plus simples sur d’autres données pour lesquelles elle connait les résultats afin d’isoler et corriger le problème.
Pour se tenir au courant des avancées scientifiques, Victoria s’attable à son bureau et parcourt les grandes revues d’astrophysique. La chercheuse n’a pas une minute à elle, après avoir assisté à une dernière réunion avec ses collègues, elle quitte son bureau aux alentours de 17 heures. Mais sa journée est loin d’être terminée. Le soir, au calme chez elle, elle peut enfin se consacrer à ses propres recherches. Demain, décollage pour Moscou où a lieu un grand congrès d’astrophysique.
Victoria a réalisé une maîtrise et un doctorat en physique à l’Université de Princeton (New Jersey). Elle a ensuite réalisé un postdoctorat au Jet Propulsion Laboratory de la NASA (en Californie), et au Massachusetts Institute of Technology (MIT) à Cambridge pour travailler avec le télescope spatial Hubble. Professeure en 1997 au MIT, elle est entrée à l’Université McGill en 2000.
Au cégep :
DEC en sciences de la nature (2 ans)
À l’université :
Baccalauréat en physique (3 ans)
Maîtrise (2 à 3 ans) puis doctorat (3 à 5 ans) en astronomie.
Ensuite, il faut parfois faire un postdoctorat, l’équivalent d’un grand stage en recherche.
Et après ?
L’astrophysicien peut travailler dans des observatoires astronomiques (comme celui du Mont-Mégantic) et des centres de recherche. Il peut également être enseignant-chercheur et exercer ses fonctions au sein d’une université.